MES PETITES CARTES D’ÉCHOUAGES
Lundi matin dans le jardin chaud mais secoué par le mistral
je lis j’écris et je m’absente
faute d’oiseaux à l’entour je deviens papillon
qui se joue du vent dans l’abricotier qu’il prend pour un berceau
je glisse cette phrase sur une carte format d’identité
alors qu’elle est si éloignée d’une identité bien établie
le soir je reprends la même place
siège en plastique souple et bas sous les arbres fruitiers
le vent n’en finit pas de faire son ramdam
les papillons se sont enfuis
je n’avais pas du tout prévu de poursuivre cette écriture
mais je l’écris pour mon petit fils
qui la lira plus tard
et découvrira que ce jour-là son grand-père a consigné le fait
qu’une maudite guêpe l’avait piquée sur le crâne
alors qu’il faisait du tri sélectif avec sa maman
ma fille
l’autre m’envoie des photos et des impressions
depuis l’île de Nantucket
elle a vu des phoques des vrais
ainsi passent les jours et les soucis
sur mes petites cartes d’échouage
une cigale me donne le dernier la
lecture petites cartes d'échouage
« une cigale me donne le dernier la »
en ce cahier de verdure sous l’amandier
l’oiseau dans le figuier éclaircie sa voix
entame ses vocalises do-ré-mi-fa-sol-la
je me rappelle les cortèges de fourmis
porteuses de ballots deux fois leur taille
et celle égarée zigzagante à contre-courant
je me rappelle de mon enfance ses joies
ses peurs ses douceurs et ses rumeurs
ses plaisirs aveugles – une chanson
une cigale m’en donne le dernier la
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l’oiseau dans le figuier éclaircit sa voix
c’est mieux avec un « t »
thé au jasmin ou au lotus
la poésie du thé embaume
nos sens
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Maria-D
vous sert son thé
au jasmin
et réinvente
la fable de la cigale
et des fourmis porteuses
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