Cette nuit je me suis perdu dans Prague dans une nouvelle écrite bien avant son invasion par les chars soviétiques en 68. C’était en 1936 indique l’auteur dans une préface où il essaie de justifier, vingt ans après, sa réédition.
Dans cette ville où il attend des amis pour prendre le train vers l’Italie, le narrateur traîne sa misère matérielle (il doit compter sou après sou pour survivre) et spirituelle : les jours mortels que j’y vécus. Il erre, en effet, le long de sa rivière, l’Vltava, où dans le quartier du Hradschin au milieu d’églises, de palais, de musées : Je tentais d’adoucir mon angoisse dans toutes les œuvres d’art. Truc classique : je voulais résoudre ma révolte en mélancolie. Mais en vain. On passe sur le style : je ne renie rien de ce qui est exprimé dans ces écrits, mais leur forme m’a toujours paru maladroite. (préface)
La nouvelle se termine ailleurs, dans un petit cimetière d’Alger (sa ville natale) aux portes de fer noir, surplombant la mer. Le narrateur que l’on confond avec l’auteur évoque une tombe abandonnée avec sa plaque Regrets éternels. Heureusement il y a les idéalistes pour arranger les choses. Ainsi, aussi, sera notre conclusion.
Le titre de la nouvelle est La mort dans l’âme. Il y a assez d’indices,nous semble-t-il, pour n’avoir pas besoin de désigner son auteur.
Londres lundi 22 janvier 2024