MOTS CHARGÉS D’ENFANCE

MOTS CHARGÉS D’ENFANCE Les buses tournoyant au-dessus de notre poulailler La gnole qui coulait de l’alambic et dans le gosier des hommes faisant les forts Le terre fort la bonne terre à blé des côteaux L’Arize ma rivière enchantée Et le tabac prisé roulé fumé le Caporal Le parler occitan qu’on appelait patois Mais si toi t’es pas toi t’es qui alors ?

LE QUESTIONNAIRE

INTERMÈDE : LOTEUR SE LIVRE AUX QUESTIONS AUXQUELLES RÉPONDIT UN CERTAIN PROUST -Vos qualités préférées chez la femme ? – La création -Votre occupation favorite – Écrire Lire Conter -Votre caractéristique maîtresse ? -L’innocence -Votre idée du bonheur ? – La même que celle du philosophe Paul Ricœur ou du sage chinois Tchouang Tseu (il était un peu fou aussi) les réponses sont après la dernière question -Votre couleur et votre fleur préférées ? -Bleu. Les coquelicots -Si vous n’étiez pas vous-même qui aimeriez-vous être ? -Mais je ne suis pas moi-même Je suis un dictionnaire à part moi -Où aimeriez-vous vivre ? -Dans la maison entourée d’un petit jardin aux essences provençales, avec vue depuis le premier étage sur la passe maritime du Fort de Bouc (celle que j’habite et depuis laquelle je réponds à vos questions) -Vos auteurs préférés en prose ? -Les mêmes que mes auteurs préférés en poésie – Vos héros préférés dans la fiction ? –L’Idiot -Vos héros préférés dans la vie réelle ? -Isabelle Huppert – Vos mets préférés ? Une daurade grillée par mes soins et un vin blanc d’Éguilles. Martigues 30 mars 2023 (COMPLÉMENT Une vie belle et bonne avec et pour les autres dans des institutions justes Paul Ricœur Le sage chinois rêve d’un papillon mais au réveil il se demande si ce n’est pas le papillon qui a rêvé de lui (selon Tchouang Tseu)

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

J’EXHUME LE CORPUS

J’exhume le corpus de poètes inconuu.e.s

Tous anticonformistes Toutes trouvères nues

Nues mais jamais obscènes Nus devant l’art de dire

De chanter de danser de composer couleurs

Et formes Bref d’habiter la terre en poètes

Seul.e.s et avec les autres Avec le difficile

Art de mêler la Joie aux règles contraintes

Chansons d’amour sans espérance mais avec force

Forces us et matières et savantes manières

De tourner chaque vers De trouver la complainte

Les prouesses du cœur et l’élan des amorces

Concordances des temps Chocs et épiphanies

Mon espace compté libère ce corpus

L’étendue engendrée par ma plume inconnue

ENJAMBEMENTS

ENJAMBEMENTS

premier essai

Les mots, de même que les sons musicaux, que les formes perceptibles  et les couleurs,  sont des forces saisies au vol, transformant en langage humain le « chant de la Terre » ou la pensée collective. Alain Rey

Jeux de jambes de gambettes avec viole

de gambe En commençant ainsi ce pseudo

poème Je sais que je risque de

trébucher Le trébuchet est une petite

balance pour les pensées délicates ou bien un

piège à oiseaux muni d’une

bascule Mon ami Michel qui courut les chamaniques

territoires Y repose d’ailleurs au cimetière en surplomb de

la ville de Menton Mettons Je me dis après ces 9 premières

lignes que cet artifice (l’enjambement) a provoqué ce jeu

d’enfant Un peu gâté beaucoup gâteux papa

gâteau de l’art en fance (la renfance) l’art en

joie qui fait correspondre la musique des

sphères avec l’opéra mundi quand nous prenons la clef

des champs plutôt que de faire l’

autruche en laissant parler le poste de télé

vision pour soi en soi à la place de soi-

même comme un autre Nous privant de nos

oreilles à djazz, à musique des symphonies, aux game

lans de Bali aux plaintes de

Schuman (non ce n’est pas

fini)…

ÉCRIRE APAISE

ÉCRIRE APAISE

Écrire apaise. Écrire accompagne nos fantasmes et nos fantômes. Écrire contrairement à parler -ce qui est dit est dit- autorise à la fin de la page à déchirer le mal écrit. Écrire désarçonne. Écrire nous force à chercher notre assiette. Écrire nous forme. Écrire un roman (de Renart) se fit dans la jubilation du désordre. Écrire c’est toujours lire ailleurs si j’y suis. Écrire c’est maille à partir avec soi-même comme un autre. Écrire c’est faire une enquête de terrain sur l’organisation sociale des peuples sans écriture. Écrire c’est trobar leu-chanter clair et trobar clus– pour les initiés. Écrire c’est chaque nuit en résidence non surveillée dans son lit. Écrire c’est sans écrire en marchant sur des chemins de fortune écoutant des conversations diffusées sur France Culture en podcasts. Écrire c’est la mère des batailles de la langue toujours toujours recommencée. Écrire c’est cette présence qui nous a fait oublier chemin faisant que l’on écrivait.

ce fragment vient d’être publié dans Le Journal des poètes dans la rubrique Libres propos Merci en le livrant ainsi à la curiosité d’autres lecteurs que ceux de ce blog de l’avoir fait grandir

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