Les Jamais Racontés, les Swan et les Odette. Les lectrices et les lecteurs qui passent sur mon blog. Les Montaigne et les Tchouang Tseu avec qui j’accumule les dettes. Les cosaques zaporogues, ivrognes, pieux et larrons, aux steppes et au décalogue. 1 Les amoureux fervents et les savants austères. 2 Nerval l’Inconsolé, les Chats de Baudelaire. Les gens de toute taille qui passent à la télé. Etc, etc. Il est temps que de cette liste je me taille. 1 Apollinaire 2 Baudelaire
Archives de l’étiquette : Apollinaire
FEUILLETS ÉCRITS SOUS LA FEUILLÉE
J’ai tant aimé les Arts Que je suis artilleur Apollinaire Je découvre cette nuit (16 janvier 2022) les photos reproduisant les 16 feuillets manuscrits (14x9 cm), sortis de la plume de l’artiste artilleur Apollinaire, assis dans la tranchée entre deux salves de tirs. J’écris accroupi, sur mon genou…sur le sol rempli de vermine. Du coton dans les oreilles, tel est le titre parodique imaginé 1, souligné de deux traits qui simulent des vagues. De même que le nom de Guillaume Apollinaire qui continua à remplir comme un forcené ses petites feuilles de vers rimés avec aussi quelques calligrammes, ce mot-valise qu’il inventa au temps où la mandoline ignorait le bruit du canon 1 Ne mettez plus de coton dans vos oreilles Ça ne vaut plus la peine Quelle merde ! C’est le cas de le dire Sortie des longs boyaux où tu chemines Dans ta tranchée en première ligne Allô la truie Allô latrines Que l’on appelle ici des « feuillées »1 Je lis et relis sans cesse tes seize feuillets Que tu écrivis à la plume Je les dévore assis dans mon plume Cent trois ans après Après la balle qui froisse le silence de ta cagnat Que tu as baptisé Par je ne sais quelle percussion mentale LES CÉNOBITES TRANQUILLES Toi sentinelle au long regard Fondue dans l’œil des Chartreux Quand Dieu le grand Toto Les démange 1 Ne prenez pas les feuillées pour autre chose qu’elles ne sont, comme faisaient pas mal d’auteurs avant la guerre.

L’OUBLI DE LA TOUSSAINT
Je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert Et de bruyère en fleur Victor Hugo J’ai cueilli ce brin de bruyère L’automne est morte souviens-t-en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps Temps de bruyère Et souviens-toi que je t’attends Guillaume Apollinaire Cette année – allez savoir pourquoi – J’ai oublié que le 1° novembre était le jour de Toussaint Je l’ai décalé d’une semaine dans ma tête Mes morts et ma morte Ne m’en tiendront cure Ils savent Elle sait Que je prends soin d’eux Et d’Elle chaque jour Ils sont patients Elle m’attend
VERS À REBOURS soumis aux aléas
À rebours… mes vers boustrophédonnent
ce va et vient que trace mon stylo
et qui met à jour le vert du vocabulaire
que quelques oiseaux bergeronnettes
– encore nommés hochequeues –
viennent picorer
À rebours…ce roman dont le héros
déballe sa bibliothèque à l’esthétique
décadente…Amours jaunes
de Jean des Esseintes…reclus
à Fontenay-aux-Roses
À rebours…n’en jetons plus
Reprenons joyeux rires de la vie
Amarcord…io mi ricordo..
Je me souviens de Magali Noël
tenant le rôle de la Gradisca…
en Rouge et noir
soumise aux aléas
À rebours…de ce charabia
Je me promène en ce lieu rare
Où les fleurs de ma rhétorique
Sont neiges de printemps..
Flocons d’argent d’Apollinaire
Et que n’ai-je son gai savoir…

DÉFENSE À DIEU D’ENTRER
SURTOUT N’EN PARLONS PAS
Surtout n’en parlons pas
Mais de qui mais de quoi ?
Devinez écrivez
Faites appel à votre ange
On dit qu’il en a un
Relisez le sonnet
En X de Mallarmé
Avec ce seul objet
D’identité sonore
Pour mieux vous égarer
Ou plus trivialement
Enfourchez le solex
D’Alceste ou d’Alex
Pour aller au grand Rex
Voir un film rince l’œil
Défense à Dieu d’entrer
Seul Hugo put écrire en vain
Cet interdit divin
Dieu était dans la tombe
Et regardait Caïn
Défense d’en parler
Mais on peut à Orsay
Contempler ce Courbet
Acheté par Lacan
Au turco-égyptien
Appelé Khalil-Bey
Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Chanson du Mal-Aimé
Guillaume Apollinaire
Nous fait voir les rondeurs
De dame damascène
Décidément nous digressons
Changeant de rythme et de rimes
Kss kss dit Flaubert à Emma
Couchée sur ses carnets intimes
Ainsi finit notre chanson