REMUE-MÉNAGE REMUE-MÉNINGES GRANDS ENFANTS ET GRANDS MALADES
-Alors qu’est-ce que t’as écrit cette nuit ? -Des mots venus de ma main qui écrit, puisés dans mes dictionnaires et dans mon encyclopédie portative (mon Ipad). -Comme chaque nuit quoi ? -Oui, mais sans oublier leurs combinaisons neuves, leurs connections avec ma vie propre et ses représentations mentales, en mouvement, les mots effervescents, pris dans une sorte de chassé-croisé, entre leurs sons et leurs sens, et enfin la prise en compte du lieu où j’écris mes proses inspirées ou mes balivernes. -Remue-ménage, remue-méninges, comme nous disions du temps de nos ateliers d’écriture. -Dans le pur loisir apparenté au sommeil où nous n’avons de compte à rendre à personne. Sauf au psycaca, si on le malheur de lui livrer à tout va, nos paroles qu’il accueille moyennant finance, assis derrière son divan. -Tu exagères, tu sais bien que ça peut soulager. -Tu as raison. J’ai eu une enfance trop heureuse (j’ai failli écrire paradisiaque). Mais je n’ignore pas non plus l’énergie déployée par les grands malades capables de sortir de leurs souffrances en inventant musique après musique, poème après poème, roman après roman : Nous goûtons les fines musiques, les beaux tableaux, mille délicatesses, mais nous ne savons pas ce qu’elles ont coûté à ceux qui les inventèrent, d’insomnies, de pleurs, de rires spasmodiques, d’urticaires, d’asthmes, d’épilepsie, d’une angoisse de mourir qui est pire que tout. Marcel Proust

rhombe vrombissant dorio 26/04/2023