Il y a toujours deux choses dans un poème La force ou la faiblesse des métaphores Et une feuille de papier La râteau passe et repasse Dessinant les poèmes De ce livre de sable Et de nymphéas Sous la pluie Et les lignes en filigrane Du papier kraft

Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
Il y a toujours deux choses dans un poème La force ou la faiblesse des métaphores Et une feuille de papier La râteau passe et repasse Dessinant les poèmes De ce livre de sable Et de nymphéas Sous la pluie Et les lignes en filigrane Du papier kraft
Ma poésie ne fait pas de vagues Elle vogue de nuit en nuit Sur une barque invisible Aux yeux des profanes Fanal, feu latent, exercice, Mon poème, s’il n’avance guère, Maintient le secret des formes, Dans le labyrinthe d’un rêve éveillé. C’est l’impératif premier crié par Villon, Aux hommes barbares, aux cœurs endurcis, Et le rêve dernier murmuré À l’oreille de nos belles endormies… Un secret pour chaque nuit suffit* * Alain Grandbois (1900-1975) poète québécois
Mais cette parole qui se lève à travers les poèmes, quelle que soit leur apparence, serait-ce la plus fragile, que répète-t-elle, sinon que la nuit n’est pas tombée encore et que nous n’avons pas le droit de nous abandonner à la solitude et au désespoir. Pierre Dhainaut
Il faut du temps et personne n’a plus le temps Il faut du vent et toujours nager contra suberna – « contre la marée » disait le troubadour Arnaud Daniel – Il ne faut pas de tapage ni de publicité Il faut être plus résistant que le buis et l’olivier Il faut sans cesse apprendre les règles et les écarts de la métrique Il faut aimer réciter chanter et/ou ne rien dire Il faut apprendre à contempler une page de poème comme une expérience de pensée Il faut mesurer la détresse d’une société qui ne reconnaît pas ses poètes Mais il y a mieux à faire que de s’en prendre aux pouvoirs, à la presse et à Sainte Télévision, qui les ignorent Faire un nouveau poème la pulpe d’un fruit dont l’avenir est le noyau
Je prends le crayon dans la cheminée
Je pends l’inspiration à la crémaillère
Je prends un temps infini pour peser chaque vers
Ou tout au contraire je fais dans le burlesque
Et l’abracadabrantesque
Je prends patience sous le fouet cruel de l’Histoire
Et en fin de « conte » je prends la voix des airs
La voie libre des poèmes que l’on écrit par cœur
LE SEL DONT ON FAIT LES POÈMES
Au cœur de la ressemblance, la différence, l’ambiguïté du soleil noir, le miel de la mélancolie. Les mots s’en vont dans la nuit blanche, jouer du coude, mettant à nu les facettes de tous nos clichés. Sur la balance de nos lubies, ils nous promettent d’être nuages, brassées de fleurs, constellations des Pléiades, alternativement mâles ou femelles. Au cœur de la différence, la ressemblance qui rend la mer folle de ce sel dont on fait les poèmes.