LECTEUR FACE AU PELOTON D’ÉXÉCUTION

COMMENT FAIRE LIRE MES ENFANTS me demandent désappointés des parents qui ne lisent jamais en présence de leurs enfants Comment faire lire mes parents questionne espiègle cet ado plongé dans la lecture au long cours de l’Idiot Comment ne pas mettre sous les yeux des non-lecteurs cette phrase d’un certain Charles Louis de Secondat de la Brède plus connu sous le nom de Montesquieu :   L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture m’ait ôté Comment cette lecture peut-être aussi déroutante que cette Esquisse d’une psychologie liminaire à travers une porte fermée : -Qui est-ce ? C’est toi ? -Oui c’est moi, c’est moi : c’est bien moi, ton ogre et ton silence, ton abîme et ta vie, ton inconnu, ton dieu, ton épouvante. Comment ne pas aimer ces écarts de langage, bleu angélus, jardin de l’espérance qui se dissout en une palpitation de rayons d’argent et de pétales de roses Ou bien poésie pure, « cette longue hésitation entre le son et le sens » Et face « au peloton d’exécution » quelle sera cette dernière phrase qui me viendra en tête in extremis ? avec Jean Tardieu, Mallarmé, Marcel Proust, Valéry et l’incipit de cien años de soledad : Muchos años después, frente al pelotón de fusilamiento, el coronel Aureliano Buendía había de recordar aquella tarde remota en que su padre lo llevó a conocer el hielo ». Bien des années plus tard face au peloton d’exécution, le colonel Auréliano Buendia, devait se rappeler de cette étrange soirée au cours de laquelle son père l’emmena faire connaissance avec la glace.

ÉCRIRE UN POÈME MANGÉ PAR LES VERS

Écrire un poème à deux heures du matin
C’est vous l’aviez remarqué un alexandrin

Écrire un poème à la main
Mais pas toujours à sa main
Il se peut qu’il nous échappe
Qu’il se perde dans le noir

Écrire un poème dans sa tête
Puis l’oublier
C’est la loi de Mémoire
Qui comme la mer
A des reflets changeants

Écrire un poème au tableau
Pour les enfants du C.P.
Qui goûtent à la joie
Des rimes et des résonnements

Écrire un poème sur sa tablette
Entre deux stations de métro
Place des Fêtes Raymond Queneau

Écrire un poème sur les Murs de Mai
Les murs ont la parole 
68 fois multiplié par 68
Aux Editions Tchou Blanc

Écrire un poème en urgence
Bouteille d’encre projetée
Dans sa bibliothèque en feu

Écrire un poème de guerre lasse
Louve Basse mordant la tête
Du sadique blondinet
Criminel de haute intensité
À la tête du vieil empire russe fantasmé
Qu’il ne faudrait montrer à la télé
Qu’affublé d’une tête de mort

Une sale tête de mort mangée par les vers
D’un poème écrit en urgence
À deux heures du matin


une voix lit le poème sur une voix chantant du jazz

LES ARBRES ENFANTS

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants

Charles Baudelaire (Correspondances)


Mathis mon petit-fils devint, à sa naissance (28/02/2016) un mimosa (jaune comme sur les toiles de Pierre Bonnard.)
Alice, fille de mon autre fille (02/02/2022), est ce cerisier du Japon, qui montre déjà un mois après sa rituelle plantation, ces premières fleurs blanches.

Les arbres des deux sœurs mères, mes filles bien-aimées, furent un pommier et un tilleul plantés dans un jardin d’Ariège dont je n’ai plus la clé.

Ainsi sont les arbres de notre micro-histoire qui dans la forêt des fables et des symboles font entendre leurs paroles familières, éphémères couleurs d’éternité. 


Martigues 06/03/2022


sur les arbres il est un site de poésie et de peinture merveilleux

https://eloge-de-l-arbre.over-blog.com/



ARBRES ENFANTS Dorio 11/03/2022

LES ENFANTS SE CASSENT

tu dis – les enfants aujourd’hui
un peu partout se cassent…
-Normal ils sont fragiles non ?

Daniel Biga



Ils sont fragiles parce que…

l’écran les prive de monter aux arbres
internet les interne dans des jeux vidés
Ô de danses sur le volcan !

l’école les laisse des jours entiers Assis
de vrais petits amours de chaises en lisière 1

Les enfants aujourd’hui
Donnez-leur s’il vous plaît
Ma Bohème et ses rimes le long des routes
Des fugues sur des bateaux ivres d’Amazonie 
Et de recherche de l’infini

Des enfants éveillés résistants
Pour qu’un peu partout
Ils se cassent !