GUEULES CASSÉES ED’ TRAVERS On peut pas comparer Mais c’est toujours la guerre Toujours la même Les gueules cassées ed’travers 1 Et toujours une autre Mon grand-papa paysan devait revenir faire les vendanges de l’automne 14 Mais c’est lui que les Allemands vendangèrent Quelque part en Belgique Comme le soldat russe devait entrer à Kyiv Comme dans du beurre en 24 heures Mais c’est lui qui après avoir volé violé brûlé Avale la chique d’une guerre Où foisonnent les morts 1 Merde à la guerre et à sa connerie Mais remerde à Poutine Le petit gars du KGB À qui l’on souhaite promptement Que son bec trempe dans la bière Et l’Absolut Vodka Abreuvoir des connards Qui pourrissent sous terre 1 Raymond Queneau L’Instant fatal Petite fêlure Leila Martial UN LÉGER COUP DE TALON…pour se dégager très très lentement…un léger coup une impulsion…un petit saut pour ôter de nos pieds un peu de leur lourdeur terrestre…virer tourner voler…mimant l’oiseau…nous élevant…juste ce qu’il faut pour oublier l’âme engluée…dans la boue des tranchées…
OUI MAIS L’ON RECHUTE…bouche en terre…et l’on en prend pour son grade…Dorio Bernard Jean soldat de 2° classe…matricule 03371…classe 1908…tué à le 1° novembre 1914…à Wytschaëte une section de la commune belge d’Heuvelland…oui mais l’on trébuche…la Toussaint était un dimanche…si le grand-père Dorio n’avait pas été fauché anonymement à 985,4 km de sa ferme natale…(selon ViaMichelin)…il se serait levé avec les bruits de son petit bout de campagne…les brebis le coq les bœufs…il se serait heurté aux premières neiges des Pyrénées….sa femme Eugénie aurait cueilli une brassée de chrysanthèmes…pour tresser sans le savoir la couronne mortuaire de son époux…
COMME FEUILLE SUR LA BRANCHE…avant qu’elle ne tombe…à la saison…qu’elle prenne couleur hyacinthe et d’or…et qu’elle aille rejoindre la tombe lapidaire…comme un leurre…une euphorie artificielle…laissant en terre le manteau de chair et de boue
ÉPHÉMÈRE PARADIS Encres Vives collection Encres Blanches Jean jacques Dorio automne 2003