MA VIE À MOI à toi à tu Ma vie parlée et ma vie tue Ma vie l’esprit débordant du cadre de mes photographies (du bébé joufflu au dernier portrait que m’aurait fait Nadar allongé dans mon plumard) Ma vie rêvée l’ai-je bien fantasmée ? Ma vie d’un « je » ouvert par la littérature d’un reclus célèbre couchant sur le papier les vies de personnages de salon qui se croyaient immuables quand tout leur monde était en train de disparaître Ma vie à moi écrite en maints poèmes sur les ardoises du toit Ma vie donnée dans l’abécédaire d’un dictionnaire à part moi Ma vie du vieil homme et la mer Ma vie de Montaigne à sauts et à gambades Ma vie délibérément anachronique « vie fugitive » « vie devant soi » Ma vie de vieux muet assis dans le métro lisant le capitaine Fracasse en bande dessinée Ma vie croisant ces mots de l’auteur de la vie mode d’emploi : « Un père éternel » réponse « Lachaise » Ma vie de bâtons et de lettres disparaissant dans des cartes et feuillets noircis en secret entre soi et soi entre moi noir chevelu et moi blanc dégarni Ma vie et moi et toi ma conscience de l’instant qui vient séance tenante m’en libérer
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ET MAINTENANT CHERCHE TA V(O)IE
MAÎTRE & MAÎTRESSE Il n’y a pas de meilleure manière d’arriver à prendre conscience de ce qu’on sent soi-même que d’essayer de recréer en soi ce qu’a senti un maître John Ruskin (1819-1900) traduit par Marcel Proust (1871-1922) Je n’ai pas eu la chance d’avoir un maître en chair et en os (carne y hueso) qui m’aurait formé, donné une colonne vertébrale Je n’ai pas eu la chance d’avoir été initié par cet homme qui aurait pu être cette femme que par admiration j’aurais imité avant de voler de mes propres ailes selon l’expression consacrée Je n’ai pas eu la chance d’avoir rencontré le divin alchimiste qui à la fin de sa Leçon inaugurale m’aurait amené devant l’entrée du labyrinthe et m’aurait dit : Et maintenant cherche ta v(o)ie !

dans le labyrinthe : maître/maîtresse/anamorphoses/etc
AMOUR AMOR
Je ne sais pas ce que tu sais
Tu sais je n’ai pas oublié
Les mots doux que tu me disais
La mort n’est rien la vie est tout
Tu ne sais plus ce que je sais
Cinq ans déjà que se sont éteintes
Les lumières de tes pensées
Les saveurs d’exister
La joie de nous entendre
Chanter cette rengaine
Sur le sable et la mer
Toujours recommencée
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
Je poste mon poème du jour à 3h35. Il s’intitule Amor. C’est une entrée de mon livre qui vient de paraître « un dictionnaire à part moi « . A 3h36, la fenêtre de mon blog m’informe de mon premier lecteur : il vit au Cameroun !
À LIRE SANS RIRE (de manière distanciée)
Nuestras vidas son los ríos Que van a dar en la mar Que es el morir Jorge Manrique Assis au bord du fleuve de ta vie à soixante-dix-sept berges Tu cherches toujours La distance la bonne distance Entre deux poèmes Deux essais de puiser un seau d’eau Devant cette fontaine Où poètes de toutes les époques Meurent de soif Entre deux pages En vis-à-vis Qui s’interpénètrent ou s’antagonisent Entre l’œil et la voix De mots qui crient Ou murmurent dans la bouche d’ombre La distance la bonne distance Le fleuve la fontaine les pages tournées Et qui retournent (bon gré mal gré) Vers la mer où tout s’abolit
CIEL BLEU CIEL NOIR
Gracias a la vida Que me ha dado tanto Me ha dado la risa Y me ha dado el llanto Violeta Parra Merci la Vie Qui tant me donna Me donna Fou Rire Et me donna Pleurs Amers ma traduction Le ciel est d’un bleu qui jubile écrivit en dix-neuf cent vingt Madame Anna de Noailles C’était après quatre ans de guerre Affreuse, atroce, infâme, terrible. Un temps où par milliers Les morts ont tué les vivants Ce vers de la très chère amie de Marcel Proust Que j’interprète ici à l’inverse de la formule optimiste comme La mort est plus forte que l’amour C’est ce que démontrent hélas tous les tyrans rouges ou blancs les autocrates les dictateurs Et aujourd’hui l’horrible Poutine le sacrificateur qui tel cet obscur général franquiste crie dans un stade rempli de figurants Vive la mort ! Le ciel est d’un noir indélébile