Gracias a la vida Que me ha dado tanto Me ha dado la risa Y me ha dado el llanto Violeta Parra Merci la Vie Qui tant me donna Me donna Fou Rire Et me donna Pleurs Amers ma traduction Le ciel est d’un bleu qui jubile écrivit en dix-neuf cent vingt Madame Anna de Noailles C’était après quatre ans de guerre Affreuse, atroce, infâme, terrible. Un temps où par milliers Les morts ont tué les vivants Ce vers de la très chère amie de Marcel Proust Que j’interprète ici à l’inverse de la formule optimiste comme La mort est plus forte que l’amour C’est ce que démontrent hélas tous les tyrans rouges ou blancs les autocrates les dictateurs Et aujourd’hui l’horrible Poutine le sacrificateur qui tel cet obscur général franquiste crie dans un stade rempli de figurants Vive la mort ! Le ciel est d’un noir indélébile
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L’ILLISIBLE

dorio 01/10/2021
Dans notre vie Beaucoup d’illisible De brouillons brûlés De soleils noirs De vieilles lunes Qui nous éclipsent De contrerimes Sans pairs ni hoirs
L’ÉTHIQUE D’UN POÈME
Os antiguos invocavam as Musas Nós invocamo-nos a nós mesmos. Alvaro de Campos alias Fernando Pessoa Les Anciens invoquaient les Muses Nous, c’est nous-mêmes que nous invoquons. de la vie de la mort de l’esprit et du corps naissance d’un poème de Rimbaud ma Bohème un pied près de mon cœur de Baudelaire aimer à loisir au pays qui n’existe que sur la page de l’Invitation au voyage Aimer et mourir Subsumer notre mort Dans la maison où souffle L’Éthique d’un poème : les mots pour le dire le sujet et ses hétéronymes le monde qui s’imagine
MANIFESTER sa puissance d’agir
Nous ne naissons pas libres, nous le devenons. Si la liberté politique doit certes protéger de la violence et garantir certains droits, sa véritable fin est de permettre à chacun de développer et de manifester sa puissance d’agir. Jean François Billeter
Manifester sa joie Ce n’est/ qu’un début/ Continuons le/ Combat Manifester sa peine Et nos amours autant qu’il m’en souvienne Manifester en ce long moment hors temps de Mai 68 ou le rêve d’une grève générale réalisé.e Manifester en faisant les affiches collectives des Beauz’Arts qui faisaient dire aux peintres qui avaient quitté leurs ateliers L’art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art Manifester dans son usine qui n’avait pas été occupée depuis 36 Manifester ce désir d’art de vivre non programmé Manifester nos paradigmes humanistes perdus et retrouvés Manifester nos solidaritudes avec les personnes vivantes – et bien vivantes- à nos côtés Manifester avec Edgar Morin (l’heureux centenaire) la mise à distance de ces fameux concepts mis à toutes les sauces et qui nous saoulent : L’abstraction formalisatrice a fini par se prendre pour la quintessence de la réalité alors qu’elle en est la déshydratation Manifester avec grand soin son autodérision souffrant d’insomnie échangerais mes écrits de plume contre un sommeil de plomb Manifester son goût du pastiche et du pastis de Marseille : le meilleur argument contre la démocratie est un entretien de cinq minutes avec un électeur de Mariani Manifester son côté marxiste tendance Groucho : si votre esprit s’égare, plus tard vous le retrouverez, mieux ça vaudra Manifester son désarroi devant tout manifeste sans contenu latent : Si vous avez compris, vous avez sûrement tort Manifester cette anaphore qui donne le tournis Manifester ces caractères pendant les uns aux autres qui s’agrippent et s’engrènent dans un réseau réfractaire à celui-là même qui l’a sécrété Manifestez !

JE DIRAI QU’UN POÈME EST LE BON TEMPS DE LA VIE
Je dirai qu’un poème me donne des raisons de passer du bon temps
Je dirai que ces raisons n’ont rien à voir
avec l’idéologie patheuse
(du mot pathos)
Je dirai qu’un poème me donne l’occasion de régler mes mots
compte tenu des choses
sans rien céder à la suie des paroles
aux expressions toutes faites des informes mollusques :
les gens qui parlent à tort et à travers
Je dirai qu’un poème se construit dans le corps
Dans l’être obscur qu’il s’agit par essais successifs
De mettre à jour
Je dirai qu’un poème n’est jamais acquis
Je dirai qu’un poème écrit, donné à voir,
Pour chaque lecteur, est différent
L’un s’y reconnaît en partie
Et ça l’apaise
L’autre le repousse, mais le lit
Et ça le tracasse
Je dirai qu’un poème est fait pour être réécrit
Italiques Francis Ponge