La nuit comme rencontre du sommeil sans sommeil La nuit comme l’écart du Corps et de l’Esprit La nuit comme ton âme en allée dans ta nuit La nuit comme ta grâce ignorée des miroirs La nuit comme les flaques de la mer sur le sable La nuit comme une écharde dans la main du silence La nuit comme un sentier dans la voie lactée des indiens morts La nuit comme les clefs qui n’ouvrent aucune porte La nuit comme la perte des songes et des promesses La nuit comme l’encre noire qui a tracé cette page
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DU CORPS AU COR
Fantaisie anachronique Le corps Le petit corps humain témoin de l’immensité du cosmos mêlé au for intérieur La nuit quand tout s’éclaire Interstellairement Le corps sous le manteau D’une belle pièce de Poésie Que l’on agrippe, ragrippe Sur l’étal d’Henri Michaux 1 Le corps qui s’abandonne Au son du cor Mélancolique et tendre… Le soir au fond des bois 2 1 Henri Michaux Invitation 2 Alfred de Vigny
L’ÉTHIQUE D’UN POÈME
Os antiguos invocavam as Musas Nós invocamo-nos a nós mesmos. Alvaro de Campos alias Fernando Pessoa Les Anciens invoquaient les Muses Nous, c’est nous-mêmes que nous invoquons. de la vie de la mort de l’esprit et du corps naissance d’un poème de Rimbaud ma Bohème un pied près de mon cœur de Baudelaire aimer à loisir au pays qui n’existe que sur la page de l’Invitation au voyage Aimer et mourir Subsumer notre mort Dans la maison où souffle L’Éthique d’un poème : les mots pour le dire le sujet et ses hétéronymes le monde qui s’imagine
JE DIRAI QUE JE N’AI RIEN DIT
Je dirai que je suis tombé
Je dirai que j’ai perdu le nord
Je dirai que chercher d’autres excuses
serait à la longue fastidieux
Je dirai si ça vous intéresse (et à l’inverse)
que je me suis relevé
Je dirai que j’ai retrouvé la voie
Je dirai que la nuit la lampe est mon soleil
Je dirai Terre en vue
Je dirai l’esprit des bêtes et des arbres
Je dirai le corps qui dicte à l’esprit
Je dirai le vide qui broie les mots inadéquats
Je dirai merci à celles qui m’ont écrit
Que ce que j’écrivais leur parlait
Je dirai quand je mourrai
Ma gratitude aux poètes qui m’ont accompagné
Je dirai que je n’ai rien dit
PHILIPPE JACCOTET (N)’EST (PAS) MORT

photo de mon jardin des Martigues prise après l'annonce de la mort de Philippe Jaccottet ce 24 février 2021 rue de la Glacière dans sa maison de Grignan à l'âge de nonante cinq ans
Philippe Jaccottet, le poète niché avant sa mort dans une des Pléiades, m’a fait le plaisir d’échanger quelques « présents », lettres et cartes postales, à propos, tout d’abord, d’un lieu unique, nous tenant tous deux à cœur : le site archéologique de Saint Blaise. Lui, dans quatre pages lumineuses, commençant par « Je me souviens aussi de Saint-Blaise (un site grec au nord des Martigues), (in Paysages avec figures absentes 1970) commettant, mais avec bonheur, l’erreur de Colomb, croyant avoir atteint les Indes, moi, dans un recueil, plus que confidentiel, intitulé L’oppidum sans nom 2010 (Encres Vives Collection Lieux), Le site en réalité est un vaste oppidum gaulois (VI°-II°S av. JC), paré d’un rempart grec, dans sa dernière période.
Nous nous sommes ensuite rencontrés, une fois, une seule, à propos d’une exposition des aquarelles d’Anne Marie, son épouse.
Deux citations.
La première conteste la posture du « poète », de son ami André du Bouchet, proche de sa disparition, (mais paraît le regretter.)
La lettre d’Anne de Staël à propos de la santé d’André (du Bouchet) : le corps réel d’un poète est le corps des mots» – je n’ai jamais cru cela, et c’est probablement ma faiblesse, mon tort. (La seconde semaison)
La seconde évoque ce pilote d’une barque (« la barque », un poème essentiel de Francis Ponge qu’il fréquenta*), assimilé à son travail « d’écrivain » :
Je compare mon travail d’écrivain à celui qui pilote une barque sur une rivière; la laisser couler, la laisser prendre le courant mais en même temps utiliser les rames ou un gouvernail pour qu’elle n’aille pas s’enliser dans les bords. Je crois que la forme de travail pour moi ç’a été cela.
Et pour le reste, longue vie aux lecteurs de Philippe Jaccottet, tous ceux et celles, qui goûtent encore, et « malgré tout », « ce peu de bruit » qui fait l’essence, plus que jamais, des poésies.
*un ouvrage, trop peu lu, en fait son miel : Le printemps du temps : Poétiques croisées de Francis Ponge et Philippe Jaccottet. Michèle Monte et André Bellatorre (Textuelles 2008)

"le poète n'a pas de place... il maintient (cependant) un espace respirable dans un monde qui l'est de moins en moins" Philippe Jaccottet