AU LECTEUR

AU LECTEUR

Confidences d’un poète petit vieux

Je suis un petit vieux qui a cent cinquante ans
Employant certains mots que peu de gens comprennent
La lésine, les helminthes et les lices.

J’ai été ce qu’autrefois on appelait un poète
Fumant fier son houka
Offrant à ses lecteurs
Un pot de fleurs malignes
Pour faire passer l’Ennui
Ce monstre de tout temps
 
Mes lignes en sont témoin
Dont voici la première :
La sottise, l’erreur, le péché, la lésine…




Avec deux fidèles et stimulants lecteurs qui ont lu au moment où il fut « posté » pour la première fois ce poème sur le blog poésie mode d’emploi :

Parle encore Charles, ô, lecteur ! 
Michel Chalandon 24 août 2001à 6h42
J’inverse un mot de Marie-Paule Berranger que je crois qui te va bien, compadre:
« Insaisissable comme la libellule, la poésie montre le chemin de la liberté » 
Jorge Castro 24 août 2011 à 11h 19


LA NUIT BLEUE

La nuit bleue cette nuit se laisse porter par cette houle bienfaisante
Elle libère l'oxygène des phrases en apesanteur
La nuit bleue est une algue que je mâche sans compter
En contant des histoires à dormir debout aux Néréides petites filles de l'Océan


La nuit bleue est un phare éclairant la planète sous influence des petits vents d'ici
Nuit de l'oltramarino lapis-lazuli
Pour des pharaons recomposés  et un chat qui récite moqueur le poème de Baudelaire
Malédiction de la caste la plus basse
Intouchables à qui l'on vole quelques feuilles d'indigotiers
La nuit bleue s'abreuve au lait caillé et à l'urine des vaches sacrées
La nuit bleue terre à terre mot à mot
et sa musique balançant son Mood Indigo

Nuit baroque où les hommes bleus du désert
gravissent la montagne de Cézanne
Épouvante des Romains et des gens du Coran
Chinois fuyant l'ennemi aux yeux bleus
Le vierge le vivace et le bleu d'azurite et de café moulu



Vol erratique d'un martin pêcheur
et jougs bleus des bœufs de mon père
Libérés des mouches et des taons
Portant l'enfant des nuits et des boustrophédons
ad libitum

CE PEU DE MOTS

Hypocrite lecteur,
Mon semblable,
Mon frère.

Charles Baudelaire


Jamais gagné
Ce peu de mots
Grapillés dans le champ
D’un poème présent

On songe aux Anciens
la fleur de Mallarmé
absente de tout bouquet
Ou -plus réjouissant-
l’humble présent verlainien 1

Jamais gagné 
Mais toujours là
Étrangement
Occupant nos esprits et travaillant nos corps
Si j’en crois ce poète
Qui cultivait les maux…

Voilà j’y suis
Je tire mes derniers fils
Ma pièce esquissée
Posée là…

Et je file !

21 mai 2022


1 Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Paul Verlaine


voix (artificielle) qui m’accompagne

PETIT GLAÇON BAUDELAIRIEN

Je commence des textes que je voudrais courts.

Mais un mot s’ajoutant à un autre (comme s’il le « chassait » parfois), une idée traversée (ou renversée) par une métaphore, une citation de rencontre…et mon texte prend l’allure d’un pastiche sans fin.

Cette nuit le glaçon qui rafraîchit mon vers est offert par maître Baudelaire (excusez du peu) :

Comme montent au ciel les soleils rajeunis

Après s’être lavés au fond des mers profondes

LES JAMAIS RACONTÉS






Les Jamais Racontés, les Swan et les Odette.
Les lectrices et les lecteurs qui passent sur mon blog.
Les Montaigne et les Tchouang Tseu avec qui j’accumule les dettes.
Les cosaques zaporogues, ivrognes, pieux et larrons, aux steppes et au décalogue. 1
Les amoureux fervents et les savants austères. 2
Nerval l’Inconsolé, les Chats de Baudelaire.
Les gens de toute taille qui passent à la télé.
Etc, etc.
Il est temps que de cette liste je me taille.

1 Apollinaire 2 Baudelaire