Ma femme à la chevelure de feu de bois André Breton 1896-1966) Ma femme de Mai 68 à la langue jouissive des mots des murs à la chevelure de sable sous les pavés aux yeux de grenades éclatées Ma femme à la bouche de mûres et de réglisse au visage de madone baroque aux lèvres d’un livre ouvert sur les promesses de l’aube aux oreilles de mistral et de tramontane Ma femme aux seins de mailles à partir au nombril de voie lactée au sexe de phénix et d’hirondelle aux paroles de perles d’oursines Ma femme sans fin Aux mille couleurs d’éternité
Archives de l’étiquette : langue
J’ÉCRIS opus 5
J’écris primo d’un murmure, secundo de lectures, tertio de figures, quarto d’une collection imprimée sur un papier de faible grammage. J’écris sans mentir, ni ramage, ni plumage, ni vieillesse ennemie. J’écris excentré mais non excentrique, loin des centres culturels où le commerce de ses consommateurs tel sur le papier qu’à la bouche, n’a plus ce parler simple et naïf, succulent et nerveux, court et serré, qu’affectionnait Montaigne. J’écris sur les feuilles des arbres, le tronc de mes amandiers, les papiers timbrés de mes amendes, les pistes criardes suscitées dans le ciel d’été par les martinets. J’écris la brume sur l’étang où nous péchions des carpes argentées, hypophthalmichthys molitrix. J’écris toujours Merci pour la langouste des Pieds Nickelés et les bons crus font les bonnes cuites de Pierre Dac. Je n’écris pas dac, ok, d’accord, pigé. Au cours préparatoire je recopie inlassablement des lignes d’écriture sur le pape Pipu, l’abbé Bécasse et le curé Raimu. J’écris au carrefour du déploiement des langues à travers l’opération poétique qui les pense. (Yannick Haenel)
UN POÈME QUI N’EST PAS EN ODEUR DE SAINTETÉ
Quelquefois ça devient très compliqué
De pousser un mot après l’autre
Pour arrêter l’exercice quotidien
On ferait presque vœu de chasteté
Mais chaste fait passer à châtiment
Ou pire à « caste »
Alors une langue châtiée
Ou le cercle étroit des derniers poètes disparus ?
Non merci
Les Saints lit-on dans le bréviaire des religions
Ne font pas d’enfant
Ça tombe bien car mes poèmes n’ont jamais été
En odeur de sainteté
D’où celui-ci
Maladroit bricolé compliqué
Mais comme un pied de nez
Comme les élastiques de mes vers contournés
Un pied près de mon cœur
Italique Rimbaud Ma Bohème
UNE PROSE ENDIMANCHÉE
J’ai tourné et retourné sept fois la langue dans mon songe, tant et tant que je l’ai effacé. Et je suis là dans mon lit de réveil, la tête vide, sans images, après ce premier somme.
Dans un quart d’heure samedi va basculer vers ce jour où enfants on nous endimanchait.
Lors, il était interdit de marcher dans le ru, de bleuir ses doigts à la haie de mûres, de jouer au béret dans la fange du pré.
Comme souvent, mais à condition que l’on ait son cahier de nuit prêt à accueillir l’encre d’une plume, le vide créé dans ma caboche m’a permis, après un long temps de quasi hébétude, de faire émerger ses images d’un paradis enfantin que l’on croyait perdues.
Ma prose maintenant est passée, je peux refermer le cahier.
passage du 19 au 20/12/2020
Un ajout Moi et Soi
Cette histoire de soi qui s’écarte de moi, ce n’est pas que dans les livres. Je me réveille d’un court somme, (le premier de la nuit), avec la sensation d’une conscience paradoxale : je ne sais plus l’espace d’une seconde, où j’habite, quel jour on est, quelle est mon identité…Ça pourrait semer le doute, ça me donne l’énergie venue de ce courant mystérieux « antérieur à la connaissance ».
AVANT LE PREMIER MOT LE POÈME EST ÉCRIT
Avant le premier mot le poème est écrit
Il a tourné ta langue t’a donné l’impulsion
Dans une tête vide Sans aucun des feuillets
qui composent un livre – paradoxe insolite
(Maintenant tu les comptes Tes quatre alexandrins
ont fait 8+10+8+6 trent’deux)
Paradoxe insolent tu fais de ta tortue
la témoin attentive de toutes tes battues
Batucadas impromptues près du fleuve Amazone
La tortue à l’époque s’appelait Morocoy
Elle servait de siège aux indiens fatigués
D’avoir passé la nuit en chants hallucinés
Ce poème aux cent mots il faut vite l’oublier