DAHLIA

Sabres cachés dans les sables du Sahara
Ah ! ça ira ah ! ça aura
l’air d’un désert
sans palmeraies
pour prendre date

J’ai reçu jadis une carte postale de Ghardaïa
Sans un mot
Avec juste la trace d’un doigt passé sur la terre ocre
Et une signature 
Dalhia

Je l’avais connue ailleurs
Sous un manguier des Amériques
Où les fruits sauvages laissaient des fils entre nos dents

Dalhia ton nom n’en finit pas de hanter cette fable offerte
Aux amoureux des lettres que l’on se remémore
Mais que l’on a définitivement perdues


LETTRE D’UN MOINE RÉSIDANT À NEW YORK





De cada dit de ploma
Ma plume dont chaque doigt
Fait chant des Signes



Je n’imaginais pas qu’un moine vivant à New York m’écrive un jour

Il a lu mon poème sur la toile intitulé Au rythme du cinéma muet

Lui aussi comme Montaigne et Brassens a des coliques néphrétiques

Il me remercie pour mes bonnes paroles mesurées par des vers

Et m’affirme que désormais il va remplacer chaque matin ses antalgiques opiacés

Par la lecture de mes posts qui fleurissent dans mon jardin imparfait



LETTRE D’UNE ÉQUINOXE





Ma chère Jo

Je t’écris sans savoir où tu en es et ce que tu penses.
Je t’ai perdue, souviens-toi, il y a sept ans.
Je t’écris dans notre couche commune que j’ai désertée à de rares exceptions, essentiellement pour aller chez notre fille cadette à Paris puis à New York.
Je t’écris sans trop savoir moi aussi où j’en suis et ce que je pense.
Cependant, tu t’en doutes, je n’ai pas abandonné, j’ai continué mes instants créatifs à sauts et à gambades.
Tu sais pour l’avoir intimement observé combien j’aime laisser toujours une place pour l’inattendu, le coup de raccroc, dixit Tristan Corbière, la chaise en grain de paille de Vincent qui espérait y asseoir la Beauté…
Je t’écris, hasard objectif du calendrier, en cette nuit qui commence l’équinoxe d’automne 2021, ce 22 septembre où, chante Brassens, au diable vous partîtes…

PASSAGE DES LIVRES





Les livres ne s’usent que si l’on s’en sert

Pour faire de beaux découpages

Pour ouvrir n’importe quelle page

et y chercher son horoscope perpétuel

Pour déchirer toutes les pages 68

Et en faire une belle flambée

Les livres sont des fleurs inverses

Que l’on mange à la lettre

Dans le Secret des Marges

Comme du bon pain blanc

Editions Rafael de Surtis
81170 Cordes/Ciel
passage des livres
" Je peins principalement mes cogitations, sujet informe, qui ne peut tomber en production "ouvragère"; à toute peine le puis-je coucher en ce corps aéré de la voix..."
Michel de Montaigne

LETTRE EN FORME TRISYLLABAIRE

original

Lettre en forme

trisyllabaire





C’est la fin

du mois d’août

pas de doute

On m’écrit :

Cher ami

que deviens-

tu tu tu ?

Écris-tu

en vers doux

ta marotte ?

De bon cœur

tes « épîtres

en absence »

du visage

de l’aimée ?

On m’écrit

Je réponds

Sur le pas

d’un silence

libérant

les bons flux :

J’avais peine

J’ai soulas

Ouverture

familière

de liesse

soudaine

-éphémère

mais certaine-

Dernier dé

Que je lance

Pour jourd’hui

Temps passé

Sur papier

Nous éclaire

Et nous lie

J.J.D.

« La plume en l’absence » Pauline Dorio
Le plus grand bien qu'ayant amis présents,
c'est s'entrevoir : puis quand ils sont exempts...
C'est la plume en l'absence

Charles Fontaine (1555)