LA POÉSIE : UN ESSAI DE RÉHABILITATION

LA POÉSIE SANS BLABLABLA

La poésie sans blablabla la poésie ça jette un froid La poésie des soupers aux chandelles dans le port de Bougie La poésie du coffret de santal 1 La poésie dAnna de Noailles pressant contre son sein la vie âpre et farouche La poésie du trèfle rouge agité comme leurre devant la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf La poésie des bœufs des jams des impros de guitares manouches La poésie par petites touches La poésie des élégies le genre ailé dIcare et de Joachim Du Bellay La poésie des Regrets La poésie des voix intérieures coulant à grands flots chez Monsieur Victor Hugo La poésie des conversations à voix basse et des partitions de Paul Verlaine notant avec soin linflexion des voix chères qui se sont tues La poésie du revolver aux cheveux blancs 2 La poésie du soleil noir dont on tâche de recoller pièce à pièce les métaphores et les oxymorons La poésie des livres maudits isolés en chambre de décontamination La poésie de cette nuit portée par mon crayon sur un papier la voix en tête de poèmes affichant leur vulnérabilité Mais la poésie en fin de conte et contre toute attente réhabilitée

1 Charles Cros 2 André Breton

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SONNET SUR LA GUERRE EMPIRÉE

Les vers que l’on écrit en songeant aux batailles
Anna de Noailles

Pratique désuète Politesse des Dieux
Ceux qui dictaient les vers aux poèt’inspirés
Je poursuis la coutume, mi-farceur, mi-sérieux, 
Faisant jouer les sens sur la guerre empirée. 

Que pensent ces soldats, la horde destructrice,
Qui lâchement massacrent les cités de l’Ukraine ?
Et pourquoi montre-t-on l’image séductrice
D’un poutine toqué, détraqué, schizophrène ?

Le pire est à venir, entend-on écœurés,
Des enfants vont mourir sous la terreur des bombes
-Monsieur il était bon et doux comme un Jésus1
Je recopie Hugo, mes sanglots étouffés
Par la rage de ne pouvoir étrangler
Ce petit tsar de merde ordonnant le carnage.

1 Victor Hugo Les châtiments 

06/032022



UKRAINE III Dorio 06/03/2022

L’ÉTRANGE VÉRITÉ DE NOS FICTIONS


Il était vieux, la vérité était devenue plus étrange encore que ses fictions…

Salman Rushdie Quichotte


Je tisse un canevas
De Commedia del Arte
Je lis Casanova
Franc-maçon libertin
Poursuivant sur Arte
Gentes dames et catins

Une fille sous le pont
Exalte la rime d’Hugo
Ô lavandière incendiaire
Dit-il frais barbouilleur
C’est léger gai et tendre
C’était du temps que j’étais jeune
Ecrit-il avec maladresse

Vieil homme Sois indulgent
Et si tu en es encor capable
Sur ta lettre à la bonne adresse
Ecris donc un post-scriptum



l’étrange vérité

VOILÀ DES HEPTASYLLABES

Voilà des heptasyllabes
Ils brillent au milieu des flammes
Du père Hugo qui s’enflamme

Il chante, il lève son verre
Éblouissant, ébloui.

Rit et compte sur ses doigts
Tous les vers lui disant Oui
Toute la splendeur des voix

Voici l’art de l’ABC
Ses passants et ses passantes
Dont le pouce abaissé
Est gaîté divertissante

Le voyez-vous ? Le voilà
L’heptasyllabe s’allie
Aux rengaines lalala
Aux bois pleins de rêveries

Il cherche ces amours franches
Tourbillonnant à son bal
Laisse ma main sur tes hanches
Dis-moi ton froufrou verbal

Qu’elle est belle ! Qu’il est beau
Le chant léger s’amenuise
Hugo retourne au tombeau
Je range ici ma valise


Italiques de Victor Hugo
voilà des heptasyllabes

HUGO IX JANVIER DEUX MILLE VINGT DEUX

Ce que j’aime dans les textes anciens c’est leur nouveauté. 
 Ce que je déteste dans les textes nouveaux c’est la banalité de leurs clichés.

Rependre Hugo l’Inépuisable
Absent mais attentif Que diable !

Le rapiécer de neufs habits
Ce 9 janvier 2 mil 22

Lire Totor Signer Bibi
Pasticher l’esprit boutadeux

Passer ainsi d’un livre à l’autre
De griffonnages en gribouillis

Faire des farces sous les astres
Touiller ses crèmes et bouillies

Jouer avec ses taches d’encre
Ayant des aspects d’animaux

Faire des pieds et des dactyles
Donner au poème un style
D’improvisation -mot à mot-
Farfadet léger Lever l’ancre

Relire Hugo c’est pas pour dire
Mais ça fait pendant le Covid
Un bien fou C’est à l’écart vivre
De mille vers Rimes d’un vide
Où amusé je procrastine

Je suis au bois où l’on entend
Joyeux la flûte des Satyres
Et je fais des niches aux pédants
Parodies Pastiches Satires

Arrête-là me dit Victor
Referme à dessein mon livre

Ouvre ton cœur Prends ton essor
Enfantin, bucolique, ivre.

Italiques Victor Hugo