CONTRE LE RAT SEMBLEMANT NATIONAL LE BON MATOU RÉPUBLICAIN

CONTRE LE RAT SEMBLEMENT NATIONAL LE BON MATOU RÉPUBLICAIN

Et donc par conséquent par discipline républicaine puisqu’ il y a péril en la demeure démocratique je vais voter ce dimanche pour le dernier communiste représentant ce département qui tant naguère en élut (en 1978 le Parti comme on l’appelait remporta 8 des 11 circonscriptions des Bouches du Rhône). Cependant il se peut que le député communiste sortant  soit battu par Tartempion candidat du Air Haine qui aurait pu s’appeler aussi bien Tartarin, puisque seule sa mère, s’il en a encore une, semble le connaître.  Le portrait qu’il arbore sur les panneaux d’acier de ma ville est un hybride entre les visages de Jordan le Cancre et de Marine la Marraine de la formation National Populiste. Les gens qui votent en masse pour des Zombies c’est une sacrée bandes de Ons que je me dis.

En attendant l’ouverture de mon bureau de vote (ce n’est que dans 24h chrono selon mes calculs ) je relis La giornata d’uno scrutatore (La journée d’un scrutateur) récit romancé et narquois écrit par le délicieux Italo Calvino. Ce scrutateur,  venant s’asseoir à la table d’un bureau de vote situé à l’intérieur d’un énorme hospice religieux turinois, est un humble représentant envoyé par le parti communiste italien qui va constater l’armée de débiles électeurs difformes, ahuris, effarés, perdus, envoyés aux urnes par la Démocratie Chrétienne qui tient, à cette époque, les rennes du pouvoir. Nous sommes en 1953, autant dire dans des temps immémoriaux.

Dans le fait qu’il se dit « communiste » (et dans cette marche qu’au service de son parti, il était en train d’accomplir à travers l’humidité d’éponge de l’aube) on ne pouvait distinguer ce qui était l’effet d’un devoir transmis de génération en génération (…) et ce qui répondait à l’appel d’une autre histoire, vieille d’un siècle à peine, mais déjà hérissée d’obstacles et de passages obligés, celle des progrès du prolétariat socialiste (à partir de quoi c’étaient « les contradictions internes de la bourgeoisie »  ou « la conscience de la crise de classe » qui devaient avoir ébranlé l’ex-bourgeois Amerigo (c’est le nom du personnage scrutateur). Mais peut-être au fond de son adhésion au communisme, était-ce un rien de réticence devant les problèmes généraux qui poussait Amerigo à choisir dans le Parti les tâches les plus limitées et les plus modestes, comme s’il eût reconnu en elles les plus utiles ; et là encore il se préparait sans cesse au pire, essayant de conserver sa sérénité jusqu’à dans son pessimisme…Italo Calvino La journée d’un scrutateur traduction Gérard Genot    

Je ne puis résister à cet ajout qui montre la distance abyssale entre les préoccupations d’une société giletjaunisée et celle renaissant à la Libération

Amerigo opposa au décor qu’il avait sous les yeux le climat de l’Italie après la Libération : une ou deux années dont le souvenir le plus vivace semblait celui de la participation de tous aux choses de la politique, aux problèmes de l’heure, graves et élémentaires…Il revoyait ces foules où tous semblaient également pauvres et s’intéressaient aux questions collectives plus qu’à leurs propres affaires

Il pensa que seule cette démocratie nouveau-née méritait son nom…en vain, car l’époque en était maintenant révolue

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