Je vois les mots une fois posés sur la page vierge mais je m’en vois pour qu’ils adviennent et d’ailleurs parfois je ne peux les voir en peinture
À d’autres moments par un heureux hasard les mots font apparaître un monde disparu qui était dans la coulisse
Ainsi la cueillette des simples sur la colline des Martigues qui surplombe ma maison fait apparaître la place aux herbes peinte par Camoin que tant nous admirâmes au musée de l’Annonciade
Je vois les mots au-delà de la mort de celle qui alors m’accompagnait dans le musée de Saint Tropez parce qu’après sa mort je désire que sa grande force lui dure
JE VOIS LES MOTS
Je vois les mots
une fois posés sur la page vierge,
mais je m’en vois
pour qu’ils adviennent —
et parfois,
je ne peux les voir en peinture.
À d’autres moments,
par un heureux hasard,
les mots font apparaître
un monde disparu
qui attendait dans la coulisse.
Ainsi la cueillette des simples
sur la colline des Martigues,
au-dessus de ma maison,
fait revenir la place aux herbes
peinte par Camoin —
celle que tant nous admirâmes
au musée de l’Annonciade.
Je vois les mots
au-delà de la mort
de celle qui alors m’accompagnait
dans le musée de Saint-Tropez,
parce qu’après sa mort
je désire
que sa grande force
lui dure.
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