Je voudrais et j’essaie toujours de circuler en aveugle éveillé à travers les miroirs du monde qui m’entoure pour faire circuler cette dimension inconnue du verbe : L’écriture m’a toujours ravi.e parce qu’elle me permet de formuler ce à quoi, si j’étais resté.e à bâiller aux corneilles, je n’aurais jamais pensé
Je comprends que beaucoup d’écrivains en herbe ou à la tête chenue abandonnent la partie
Ils n’ont pas trouvé leur principe dit l’un
Ils n’adhèrent pas totalement à ce qu’ils font se laissant happer par la rumeur du monde dit l’autre
Ils écrivent pour être lus dit un troisième qui ajoute que cette éjaculation collective de l’écriture tourne à l’apocalypse
Un poète du XVIe se qualifiait avec humour de banny de liesse
Être unique à ses yeux dans son verbe son identité imaginative est la seule clé qui vaille pour continuer
Unique c’est à dire singulier, seul à subir les coups durs de la vie ou à jouir des épiphanies du quotidien
Unique c’est à dire reconnaissant aux chercheurs inassouvis, artisans de la langue compte tenu des circonstances
Ce patchwork par exemple s’est passé de motifs
C’est celui d’un voyageur dans une cité inconnue qui croyait faire un voyage plus ou moins préparé
Mais c’est le voyage avec ses aléas qui va me faire voyageur ailé ou me défaire éternel insatisfait
C’est ainsi que je me comprends et suis stimulé par la conclusion du livre d’Albert Camus revisitant le mythe grec : Il faut imaginer Sisyphe heureux
Copenhague 19 mai 2025
