Je meurs de soif auprès de la fontaine
Je meurs d’une rime mal placée
Je meurs d’un trip de blanche neige
Je meurs de tes mains sur mes hanches
Je meurs avec mes trépassée.e.s
Je meurs de soif auprès de La Fontaine
Je meurs de l’Âne portant des reliques
Je meurs du chien à qui on a coupé les oreilles
Je meurs de Daphnis et d’Alcimadure
Je meurs des filles de Nimée
Je meurs de peur hanté par Croquemitaine
Je meurs de parenthèses remplaçant les crochets
Je meurs d’un vieux fondu enchaîné
Je meurs d’une trop longue quarantaine
Je meurs des restes de ma littérature
Je meurs de faim d’hyperphagie nocturne
Je meurs d’hypermnésie et d’hyperonymes
Je meurs de ce diable de Saturne
Je meurs d’un contretemps fâcheux
Je meurs de Chronos et du Covid19
Je meurs de spleen auprès de Baudelaire
Je meurs de te haïr autant que je t’aime
Je meurs des grands yeux noirs de ma Malabaraise
Je meurs de l’Albatros maladroit et honteux
Je meurs des funèbres appas que Camarde a cachés
Je meurs de soif auprès de la fontaine
Rien ne m’est sûr que la chose incertaine
Le jeu de Blois m’a dicté son ardeur
La soif inextinguible d’un poète frondeur
Il est temps de boucler ce poème sans fin
Le vers initial a été proposé par Charles d’Orléans
à divers poètes réunis à Blois en 1458
dont François Villon