Puisque la belle est morte, puisqu’il n’y a plus de raisons, tu entends en sourdine, oreille meurtrie, l’arrivée, reine de Saba tu triomphes, tu étends et tu agites, voiles et splendeurs, et sermons d’esclaves pour les étoiles, je m’agite, je me tiens, tu considères, reine arrivée, sans autre précision on te cerne,
on dérive et décrivant, on arrache des parcelles, or fondu, forêts en flamme, des sources et du temps, pour bénir et sonder, je te tiens, tu réclames, je commence, allons-y donc, il faut bien remonter les rampes du temps, pour bénir et comprendre, j’arrive de Saïs, je reviens du Pérou, je divague et je chante,
de Vienne jusqu’au Canada, arrivée, arrivant, arrivons, nous sommes en avance, tout chante et bondit, tout pour tout, des savanes, des forêts, je suis, et je suis celui qui court encore, nous retenons le souffle et la voix, désir étrange et jeu palpitant, il faut troubler son âme, et répondre et je suis maintenant,
et ici, j’accroche au bord du cœur des franges et du froid, retenons, retenons, en avance, en retard, une reine arrive et chante, chante, oiseau, canari impérial, nous étions, nous serons, et ici, et maintenant, des branches aux fourrés, et taillis, et frondaisons, cela retient, je suis et sous chaque feuille,
je suis sous chaque feuille, je mords à chaque pas, oiseau muet, source sans avance, tu conserves, on irait ainsi et ainsi d’un heureux brasier, rouge et chaud à une histoire sans lendemain, il n’y a qu’un passé, le reste est en absence, je vis, je tiens, je bouge, tout ici sous les cendres se consume, il te reste :
à dire, il te reste à tenir, des cœurs enrubannés, des voix sans écho, il n’y a pas de reste, il n’y a pas de retenue, tu comptes pour les doigts, tu diriges la route, cœur évolué, croix tendue au-devant, je tourne et tu enchantes, tu tiens, tout commence, il reste à soutenir les heures déployées, les jours envolés,
allons, je te croise et tu oublies, nous étions sur la route, d’un pas large, d’un saut tout plonge au-devant, dans l’ombre, dans la rupture, je tiens et tu fermes, que reste-t-il aux immortels, sans le reste, sans ce qui vient, en volant, en tirant, en poussant, je ferme, et tu dérobes, et tu tiens ce qu’il faut,
pour retourner au jour, pour étendre, pour finir, pour comprendre et retenir il te reste certes, quatre et plus en plus, et un peu de peur à la peau, tu restes ici, et tu retiens bleu et nocturne, sans avance puisque la belle est morte, puisqu’il n’y a plus de raisons, tu l’entends en sourdine, oreille meurtrie, arriver,
reine de Saba, accroche au bord du cœur des franges et du froid, j’arrive de Saïs, je reviens du Pérou, je divague et je chante, de Vienne jusqu’au Canada.
Michel Chalandon pour Jean Jacques Dorio
lecture de JJ Dorio 26 mai 2023 midi et demi
LETTRE D’UN FEU FOLLET À FEUE SA FEMME : ma chérie mon amour dynamité ma tourterelle ensablée mon soleil quand il pleut à verse mon petit point d’or io ma lionne assise dans le patio de l’Alhambra de tout ton corps jusqu’à ton dernier souffle vivante jusqu’à ta mort mais tu m’écoutes me dis-tu quand il te semble qu’à tes côtés je m’adonne à je ne sais quelle rêverie mais oui mon cœur je t’écoute et je goûte ce moment présent comme une nostalgiemon murmure tu le vois ton sang infuse toujours dans mes écrits tes yeux dévoilent mes épiphanies l’inflexion de ta voix chère ne s’est pas tue