Je vois sous l’arc-en-ciel une pièce de neige et d’or
Je vois l’ogre qui gîte juste au-dessus de ma maison
Je vois Gertrude Stein devant un fil de fer
tordu par Calder qui me regarde fixement
Je vois les noms de fleurs des continents
les suppléments aux voyages du siècle des Lumières
Je vois mes deux amandiers des Martigues
qui me transportent vers l’Arles de Vincent
Je vois mes yeux qui sont poissons
de l’Arize ma modeste rivière
jusqu’aux sources de l’Orénoque
que Colomb prit pour Paradis
Je vois mes dents qui sont serpents
Et qui avalent toutes mes peurs
Avec la plume des ancêtres
et les Esprits du grand Cosmos
Je vois ma bouche qui est un rêve
De lune rouge et d’étoile de mer
Je vois mon cœur qui chante l’invisible
Monté sur un cheval sous les nuages noirs
Et je vois mon image qui balaie tout cela
le cœur les dents la bouche sur ce papier
qui rend visible le mystère des masques
et l’énergie de l’Art…

je vois le mystère des masques et l’énergie de l’art