Cette façon qu’a la vie de ne pas finir ses phrases. Claude Roy
Je vous donne le monde afin d’y voir plus clair
L’odeur du chèvrefeuille le moineau qui pépie trois notes de Messiaen
J’essaie de relier ce qui est séparé
Entre deux draps de lin le langage intérieur qui a maille à partir avec l’inconscient
L’esquisse le fragment un souvenir d’enfance où l’on joue pour de vrai à pauvre petit chat
Et puis soudain l’auteur du poème en train de s’écrire perd de sa béatitude
Il sait il ne sait plus comment boucler ce chant
Il le donne au lecteur qui fera mouvement
Saura t’il conjurer cet inachèvement ?
Lier le séparé :
à la fin, dire l’épais et le subtil
et assembler ce qui est épars
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Œuvres inachevées peuplent la littérature : l’homme sans qualités de Musil, À la recherche du temps perdu, l
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de Marcel Proust, le Château de Kafka, et bien d’autres, dont les Chroniques romanesques de Jean Vilar interrompues par sa mort soudaine, un arrêt du cœur, mais l’intention de l’admirable créateur du TNP et du festival d’Avignon était de ne relier ses fragments par « Nul fil d’or »
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