100
Avec George Perec
« Laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes ». Signé Perec, que l’on prononce Pérec le nom du père, juif polonais, mort en 40, quand Georges dit Jojo, avait quatre ans. Deux ans plus tard sa maman le met dans un train pour lui sauver la peau. Mais la sienne, celle de Cyrla Perec née Szulewicz, finit à Auschwitz la Maudite. « Arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse ». Souriant, volontiers déconneur (un mot d’époque), joueur de Go et d’Oulipo. Mais avant tout, « touchant ». Sa page des sports signée W, masquant l’horreur des camps et de « l’Histoire avec sa grande H » : son expression sublime, fatidique, à lire « littéralement et dans tous les sens ». Je me souviens d’avoir récrit à ma manière, les 480 entrées de Je me souviens, que lui-même avait emprunté à Joe Brainard, artiste new yorkais (I remember). Je me souviens que le jour de sa disparition, le 3 mars 1982, des petites manines flottaient dans mon jardin comme au début d’Amarcord et que mes filles encore enfants sautaient pour essayer de les attraper.
RIEN N’ÉTAIT ÉCRIT
Travail en cours
JJ Dorio