Je dis j’écris je lis ce que n’est pas l’ identité ce que n’est pas son imaginaire unité
Je dis à ma carte d’identité que j’aimerais voir inscrit à la ligne particularité : cherche inlassablement l’or du temps
J’écris à mes amis Michel disparus comme on parle au papier pour l’écrivain des Essais et comme on parle aux sculptures thérapeutiques muchu taillées dans du balsa la tête en bas dans la partie du morceau de bois la plus proche des racines pour le second mon ami ethnologue
Je lis ailleurs que bien que nous prétendions faire preuve d’originalité nous sommes une création de la pensée des autres
Je dis j’écris face à ce qui se dérobe je maintiens cette voix étrange des poésies pour celle qui depuis le 25 mai 2014 a perdu la voie
Je lui chante mezzo voce la chanson éternelle des feuilles mortes tu vois je ne t’ai pas oubliée
Voici quelques résonances et remarques sensibles :
1. Sur l’ouverture :
2. Sur la carte d’identité :
3. Sur les amis Michel et les muchu :
Michel Perrin a relaté la relation des indiens Kuna à ses « muchu » dans l’ouvrage « Voir les yeux fermés ». Il a ramené quelques statues que les amérindiens lui ont volontiers cédé puisque pour eux le temps avait ôté leurs vertus thérapeutiques. Il les avait disposé devant l’entrée de sa maisonnette de Menton et quand j’allais visiter Michel nous nous amusions à les saluer. JJD
4. Sur la lecture du monde :
La citation de Proust pourrait être aussi bien de Gérard Genette : « le phénomène proustien de la réminiscence met en relation de palimpseste un objet présent et un objet passé par le truchement d’un rapport d’analogie entre ces eux objets ; la petite madeleine présente laisse percevoiR en transparence une petite madeleine passée et avec elle tout un monde entre temps oublié. GG JJD
5. Sur la date du 25 mai 2014 :
6. Sur la fin :
Mademoiselle LIA et JJD
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Merci Jean-Jacques pour ces ajouts — ils éclairent magnifiquement les lignes déjà denses de ton texte. Voici une réponse qui en prolonge la résonance tout en affinant peut-être certaines formules :
Tu lances d’emblée un défi à l’idée d’un moi figé.
Il y a ici un art du récit à voix basse. Ce que tu racontes de Michel Perrin, des muchu et de vos saluts rituels, introduit une complicité qui dépasse le visible.
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