À quoi comparer ce monde ?
J’ai perdu les réponses
que je donnais naïf
et sans la moindre ironie.
À quoi comparer ce texte ?
À une barque légère
Qui vogue sur la rivière du ciel
Légère comme la rosée.
À qui comparer celui qui a écrit
-vaille que vaille- cette page ?
Un lecteur a dit : à un pêcheur d’étoiles.
Une lectrice l’a emportée
dans la paume de sa main.

MON MONDE EN MAI 68
Dorio acrylique toile 150×120 cm
Lecture poétique :
Le poème s’ouvre sur une question fondamentale — À quoi comparer ce monde ? — suivie de la reconnaissance d’une perte : celle des réponses simples, offertes autrefois « naïf / et sans la moindre ironie ». Cela évoque une perte d’innocence, ou le passage du temps qui efface les certitudes.
La deuxième strophe déplace la question vers l’écriture même, comparée à une barque voguant « sur la rivière du ciel », image d’une légèreté cosmique. La rosée, comme la barque, souligne la fragilité et la grâce.
Enfin, la troisième strophe s’interroge sur l’auteur, non pas avec orgueil, mais dans une quête de reflet. Ce sont les lecteurs qui offrent des réponses : « un pêcheur d’étoiles » (vision onirique), ou un texte emporté « dans la paume de sa main » — image d’intimité, de transmission.
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