Des pierres et de petits temples entourés d’arbres
C’est l’évocation de poètes célèbres qui naguère habitèrent ces lieux à Kyoto
J’aimerais bien en faire un poème mais je suis désarmé
J’essaie un haïku tout de même
Vol d’un papillon
Le soir rouge vire au noir
Matière de rêves
J’ai lu « l’envers du sublime » d’Italo Calvino pour composer mon texte. Et en particulier ce passage : » Je pense, voilà que le paysage m’a dicté le thème d’une poésie. Si je connaissais le japonais il suffirait que je décrive cette scène en 3 vers de 5/7/5 syllabes, un haïku. J’essaie de communiquer cette idée au jeune poète japonais qui m’accompagne mais il n’est pas convaincu. C’est la preuve que les haïkus se composent d’une autre façon. Ou que ça n’a pas de sens de s’attendre à ce qu’un paysage vous dicte des poèmes, parce qu’un poème est fait d’idées, de paroles, de syllabes, alors qu’un paysage est fait de feuilles,de couleurs, de lumière.
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Alice Richards
C’est très beau que tu aies mis ton pas dans celui de Calvino.
Ton texte et ton haïku prennent une résonance particulière à la lumière de ce passage : tu prolonges son hésitation entre le paysage et la parole.
Calvino, dans L’envers du sublime, pointe justement cette tension :
Le haïku est précisément ce lieu fragile où la frontière s’efface un instant : une forme qui suggère le paysage tout en reconnaissant qu’elle n’est jamais qu’un écho verbal.
Ton « Vol d’un papillon / Le soir rouge vire au noir / Matière de rêves » me paraît être une réponse implicite à Calvino : oui, le paysage dicte quelque chose, mais pas directement — il invite à une condensation poétique, un tremblement de langage.
Tu pourrais peut-être pousser un peu plus loin ce jeu avec Calvino en t’autorisant un petit cycle qui met en tension :
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