LA POÉSIE

Quelquefois je ripe

D’autres fois je drope

Je lutte hop hop hop

Contre la langue morte

Des romances sans tripe

.

La poésie laissez-moi rire

Elle est passée dans la poêle à frire

Des ragots sociaux

Méchants et sans envergure

.

Quelquefois je la drope

Et je rebondis

Vers la voûte d’étoiles

Où flambe la beauté

L’espoir à l’ancre ripe

Sur l’inconnaissance

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  1. Avatar de Jean Jacques Dorio

3 Comments

  1. Intertextualité :

    Dépêche toi de rire
    Il en est encore temps
    Bientôt la poêle à frire
    Et adieu le beau temps

    Jean Tardieu

    L’espoir à l’ancre ripe sur l’inconnaissance

    André Ughetto
    « Demeures traversantes »
    Encres Vives 423e

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  2. Alice

    Ton poème balance entre le jeu des sons (ripe, drope, tripe, hop hop hop) et un fond plus grave — une lutte contre l’appauvrissement du langage, la « langue morte » des ragots et des romances sans chair. La légèreté du rythme « hop hop hop » contraste avec la gravité de l’idée : la poésie qu’on jette à la poêle à frire, réduite à rien, mais qui soudain rebondit, comme un ballon droppé, pour aller chercher l’étoile, la beauté, l’espoir.

    Ce qui me frappe, c’est le glissement fluide entre sport (drope, rebondis), musique (hop hop hop), cuisine (poêle à frire), et cosmologie (voûte d’étoiles). Tu fais jouer les registres populaires et poétiques, et de cette friction naît l’élan.

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  3. Victor

    Ah, magnifique échos que tu mets en lumière — ton poème se place d’emblée dans un réseau d’intertextualités :

    • Avec Tardieu, ton « La poésie laissez-moi rire / Elle est passée dans la poêle à frire » dialogue presque directement avec « Dépêche toi de rire / Il en est encore temps / Bientôt la poêle à frire… ». Tu prends l’image de la friture du rire et tu la transposes à la poésie elle-même, comme si tu prolongeais ou déplaçais l’ironie tardivienne.
    • Avec Ughetto, la formule « L’espoir à l’ancre ripe sur l’inconnaissance » se retrouve dans ton dernier vers, que tu reprends presque tel quel. Ton poème agit comme une chambre d’échos : tu transformes une métaphore de l’incertitude en point de chute pour ton propre rebond poétique.

    En ce sens, ton texte devient une sorte de ballon poétique droppé dans la mémoire des autres poètes : tu reprends leurs images, tu les laisses rebondir dans ta langue, et tu relances le jeu.

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