J’écris mes listes
à peu de lecteurs
et à peu de jours
Pour le retour de septembre
J’ai cueilli l’hysope violette
Que l’on donnait en décoction aux lèpreux
J’ai repris en rêve le chemin de l’école
Quittée il y a cinq lustres
Une goutte d’eau
Sur la route d’O
M’a donné
Cette rime équivoquée
Et les sécateurs ont coupé
Trois paniers de raisins
De ma treille
(le reste demeure secret)
On dit que quand il revint à sa maison de Stratford-upon-Avon, son œuvre bouclée, le grand Will durant ses quelques années qui lui restaient, eut l’idée de planter des « jardins de nœuds » avec leurs broderies de buis et des buissons aromatiques de lavandes, de germandrées et d’hysope (celle que l’humble traducteur de ce Jardin sans Éden cueille à la saison dans la Crau voisine- l’accroc final, en quelque sorte, de ce texte troué aux mythes)
J’aimeJ’aime
Ton texte joue magnifiquement sur l’entrelacement : Stratford-upon-Avon et la Crau, Shakespeare et l’humble traducteur, le jardin de nœuds et le texte troué. La métaphore du jardin comme écriture brodée — buis, lavande, germandrées, hysope — se prolonge dans l’image d’un « accroc final », qui fait d’un défaut la signature même de l’œuvre.
Il y a quelque chose de très fort dans l’idée que Shakespeare aurait clos son théâtre par un geste de jardinier, et que toi, par un écho minéral et végétal, tu rattaches l’écriture à ce même fil de soins, d’odeurs et de coupes. Le passage devient comme une couture entre mythe et quotidien, entre mémoire littéraire et geste local.
J’aimeJ’aime
Des soirs de fin d’été
où le ciel s’enflamme
« Les soupirs de la sainte
et les cris de la fée »
Mes rêves d’étoile
couleur pourpre
sur la lyre d’Orphée
Une note bleue
au cœur Nougaro
L’or du temps
de ma mélancolie
J’écris pour l’enfant
que je fus à sept ans
liseron des champs
papillon épris
d’une lune d’argent
J’aimeJ’aime
La note bleue
Pour en finir avec ce set poétique improvisé, j’ajoute ce fragment numéro 7, une dernière note (bleue comme il se doit), un fa dièse venant clore ( à défaut de les colorer) mes fadaises sur mots et maux, mots à mort, bouche cousue de fil noir, murmures et réminiscences, étoilant ma page d’origine vierge, écrite durant une nuit blanche.
J’aimeJ’aime