La mésange de l’enfance avec qui l’on mésengeait
Le réglisse que tu disais au masculin la bouche noire
Les jeux des bords de mer
Les refrains de nos promenades
Main dans la main
Les toujours jeunes alexandrins
Cette manière douce folle que nous eûmes d’habiter le monde
sans penser qu’un jour il faudrait le quitter

en résonance une illustration de Maria-Dolores Cano
La mésange ô mon réglisse
main dans la main
habite le monde avant de partir
Michel Chalandon
https://poesieafranquevaux3.blogspot.com/
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Un couple de mésanges
tressaute
sur mes arbres mouillés
Con alma
dit le morceau de musique
affiché
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Les soldats s’en vont lentementDans la nuit trouble de la ville.Entends battre mon cœur d’amant.Ce cœur en vaut bien plus de millesPuisque je t’aime éperdument.
Je t’aime éperdument, ma chère,J’ai perdu le sens de la vieJe ne connais plus la lumière,Puisque l’Amour est mon envie,Mon soleil et ma vie entière.
Écoute-le battre mon cœur !Un régiment d’artillerieEn marche, mon cœur d’ArtilleurPour toi se met en batterie,Écoute-le, petite sœur.
Petite sœur je te prends touteTu m’appartiens, je t’appartiens,Ensemble nous faisons la route,Et dis-moi de ces petits riensQui consolent qui les écoute.
Un tramway descend vitementTrouant la nuit, la nuit de verreOù va mon coeur en régimentTes beaux yeux m’envoient leur lumièreEntends battre mon coeur d’amant.
Ce matin vint une mésangeVoleter près de mon cheval.C’était peut-être un petit angeExilé dans le joli valOù j’eus sa vision étrange.
Ses yeux c’était tes jolis yeux,Son plumage ta chevelure,Son chant les mots mystérieuxQu’à mes oreilles on susurreQuand nous sommes bien seuls, tous deux
Dans le vallon j’étais tout blêmeD’avoir chevauché jusque-là.Le vent criait un long poèmeAu soleil dans tout son éclat.Au bel oiseau j’ai dit « Je t’aime ! »
Guillaume Apollinaire
février 1915
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