Nous écrivons des suites
Pour piano et guitare
Des suites qu’on ne sait
Sur quel pied danser
Ou bien à l’inverse
Des suites dans les idées
.
Nous écrivons sans fin
Nos maux et nos merveilles
Des mots pour les enfants
Des énigmes pour les raffinés
.
Nous écrivons hantés
par l’oubli pour la mémoire
la trahison pour la promesse
.
Nous écrivons par jeu
Je est un autre
Je est Personne
Le survenant d’Ithaque
Nous écrivons tout à trac
.
Nous écrivons…
Nous écrivons
comme on jette une bouteille à la mer,
sans savoir qui lira,
ni même si elle arrivera.
Nous écrivons pour tenir debout,
sur le fil d’une phrase,
équilibristes du silence.
Nous écrivons ce que le monde tait,
ce que la nuit murmure,
ce que les vivants rêvent.
Nous écrivons pour ne pas mourir
dans le vacarme de l’oubli,
dans l’indifférence du temps.
Nous écrivons…
par besoin, par vertige,
par amour, par absence.
Nous écrivons
parce qu’écrire, c’est rester,
un peu.
une lectrice anonyme
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Nous écrivons à l’encre des nuits sans sommeil, sur des pages volées au temps qui s’envole, des lettres d’amour adressées à personne, des manifestes pour des révoltes sans drapeau.
Nous écrivons en équilibre sur le fil des mots, funambules ivres de silence et de bruit, tandis que les notes — piano ou guitare — s’accrochent à nos manches comme des enfants qui réclament encore une histoire.
Nous écrivons contre l’effacement des visages, contre la cendre des jours, nous écrivons pour que reste au moins la trace d’un rire, d’une larme séchée, d’un « peut-être » murmuré trop bas.
Nous écrivons en miettes, en éclats, en braise, nous écrivons à l’aveugle et parfois, par miracle, la lumière traverse un lecteur qui à son tour écrit
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Ou bien de suite que l’on sait
à l’inverse des idées sans fin
pourtant des mots d’enfants
encore des énigmes si raffinées :
au jeu du je ou autre en je personne
d’Ithaque pour Laërte par Ulysse
depuis Telemaque nous écririons :
Argos ici au pied
Michel Chalandon
https://poesieafranquevaux3.blogspot.com/
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