Le monde a plusieurs couches
En chacune vivent plusieurs esprits
Coudre le monde c’est les visiter
Paroles de femmes Kuna
tissant leurs molas
sur les îles San Blas du Panama
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premier poème
QUI TU ES ? tu t’en moques, feuillets d’hiver noués,
Par temps de soliloque, qui tu es, tu le tais.
Qui tu es, à Chambord, dans le double escalier,
Dans la chambre du roi, orné de salamandres.
Qui tu es au Moudang, dans les Hautes Pyrénées,
Dans les granges des oueillos, les brebis couleur cendre.
Qui tu es au collège, professeur météore,
Préparant tes ouailles, aux rimes équivoquées.
Qui tu es à Paname, paysage du Tendre,
Âme t’en souvient-il, sur le quai Malaquais.
Qui tu es en Espagne, Cuevas de Almanzor,
Où naquit la maman, qui enfanta ta Reine.
Qui es-tu dans la case des frères amérindiens,
Des mythes qui s’emmêlent avec la Neste d’Aure.
Qui es-tu, qui tu es, tu t’en moques à présent,
L’aurore des paroles devient soleil couchant.
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et en vis-à-vis
Je dis j’écris je lis ce que n’est pas l’identité ce que n’est pas son imaginaire unité
Je dis à ma carte d’identité que j’aimerais voir inscrit à la ligne particularité : cherche inlassablement l’or du temps J’écris à mes amis Michel disparus comme on parle au papier pour Montaigne l’écrivain des Essais et comme on parle aux sculptures thérapeutiques muchu taillées dans du balsa la tête en bas dans la partie du morceau de bois la plus proche des racines pour Perrin mon ami ethnologue Je lis ailleurs que bien que nous prétendions faire preuve d’originalité nous sommes une création de la pensée des autres Je dis j’écris face à ce qui se dérobe je maintiens cette voix étrange des poésies pour celle qui depuis le 25 mai 2014 a perdu la voie Je lui chante mezzo voce la chanson éternelle des feuilles mortes tu vois je ne t’ai pas oubliée
Pour ce poète- là une seule émotion est possible : le sentiment d’étrangeté, un seul lyrisme : celui de l’existence toujours recommencée.
A.A. lectrice in fabula
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POÈTE
Présenté en public, je suis généralement désigné comme « poète », et j’en éprouve une gêne qui s’apparente fort à de la honte. Le poète étant un écrivain qui écrit des poèmes, les textes que j’écris sont-ils des poèmes, et, donc, suis-je un poète? Je n’en sais rien, et cela ne me préoccupe pas le moins du monde.
[…] Qu’il y ait du « poétique » dans ce que j’écris, cela se peut, et je le souhaite très vivement. Mais comment décider que l’on ait soi-même un poète?
Gil Jouanard (L’œil de la terre)
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LA POÉSIE SURVIT
En ce monde étiré, parcouru en tous sens, volubile et affairiste,
la poésie survit, langue de sable, déploration surannée, etc.
Gaston Puel
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LE TITRE
Pour le livre de poésie, le titre est un visiteur, le signe d’une métamorphose.
Une griffe sortie de la nuit pour émouvoir le tissu verbal,
ou encore la greffe nourricière de la constellation de mots qu’elle surplombe.
Ce peu, cette graine ou ce caillou, actif au haut de la page.
Jacques Dupin
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Je lui chante :
d’un Michel pour les autres
de murs à montagnes
Gaston et son soleil
monde cousu et recousu
cancion de cuna
viro fusel viro viro
Michel Chalandon
https://poesieafranquevaux3.blogspot.com/
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