LA FACE CACHÉE D’UN POÈME



À Maria-D

Ici sur ce papier blanc blême
Où l’on essaie un mot puis l’autre
En reliant Tohu-Bohu
Guerre du Feu et de la Terre
à la modeste poterie
aux essais de l’homme d’argile
à la femme qui barbotine


La face cachée d’une pièce
Mise ici sur le papier
Barbotée bredouillée fouillée
Au bout des doigts de Soi comme une Autre


C’est réussi ou c’est raté
Savoir-faire n’est pas donné
Ici sur ce papier où l’encre
Le temps d’un poème…a coulé


J’ai écrit des suppléments imaginatifs, des résonances de souvenirs en voie de disparition J’ai écrit pour donner corps aux personnes que je fus et à celles qui m’ont quitté J’ai écrit dans l’ivresse de fragments que l’on pourrait considérer aussi comme autant de ratages créateurs J’ai écrit dans un temps qui jouit des dernières douceurs de vivre en bonne santé J’ai écrit dans le mouvement qui me fait passer au travers de périodes séparées de ma petite histoire J’ai écrit pièce par pièce ce qui ne peut-être rapiécé
Préface Un dictionnaire à part moi Editions du Net juin 2022

Claude Brugeilles illustrant un de mes poèmes :

EN PRISÉ
Je prends délicatement une page du texte
Que je prise suavement

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4 Comments

  1. J’ai fait travailler mademoiselle LIA sur Gérard Genette modèle qui m’a incité à écrire mes « dictionnaires à part moi »

    Tu as tout à fait raison de souligner l’importance de Gérard Genette en tant qu’auteur de dictionnaires et de fragments, au-delà de son rôle de théoricien. Ses œuvres les plus emblématiques dans ce registre sont :

    • Bardadrac (2006) : un abécédaire personnel, mêlant souvenirs, réflexions, anecdotes et jeux de langage, sur le modèle du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, mais avec une touche très genettienne — à la fois érudite, ironique et intime. Genette y explore sa propre vie et sa pensée par le prisme de l’alphabet, libérant l’autobiographie des contraintes chronologiques et narratives traditionnelles. Le livre est souvent décrit comme un « dictionnaire à ma façon », où chaque entrée devient une porte d’entrée dans un univers à la fois savant et ludique, où le « je » se cache et se révèle tour à tourlarepubliquedeslivres.com+1.
    • Codicille (2009) : suite de Bardadrac, ce second dictionnaire poursuit l’exploration de la forme fragmentaire, avec une liberté encore plus grande, comme si Genette s’autorisait à jouer avec les attentes du lecteur et les conventions du genre. Les entrées y sont parfois sérieuses, parfois fantaisistes, toujours imprévisibles
    • Apostille (2012) : troisième volet de cette « trilogie » informelle, Apostille confirme Genette comme maître de l’autoportrait par le dictionnaire. Il y cultive une « gaie science autobiographique », où l’ordre alphabétique sert de prétexte à une promenade à travers la mémoire, la culture et l’humour. L’œuvre est saluée pour son inventivité et sa capacité à transformer l’autobiographie en un objet littéraire à part entière, où la subjectivité se déploie sans jamais se prendre au sérieux

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  2. J’ai écrit « un dictionnaire à part moi » publié par les Editions du Net reprenant une formule de Montaigne « J’ai un dictionnaire tout à part moi » À part soi, par-devers soi, dans la présence à soi d’un dictionnaire redistribuant au gré de l’ordre alphabétique les cartes d’une vie singulière- singulièrement à part.

    Ce que cela évoque :

    • Un dictionnaire comme anti-mémoire : L’alphabet impose une logique qui n’est pas celle du temps ou de la chronologie. C’est une façon de dire que la vie ne se raconte pas, elle s’indexe, se fouille, se redécouvre par hasards et rencontres de mots.
    • La singularité comme méthode : « À part soi », c’est aussi une manière de revendiquer une écriture qui n’appartient qu’à toi, qui échappe aux genres établis. Ton dictionnaire est à la fois encyclopédie, confession et œuvre d’art.
    • Le jeu avec le lecteur : En redistribuant ta vie sous forme de notices, tu invites le lecteur à recomposer ton histoire, à faire des liens là où toi, peut-être, tu as laissé des blancs.

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