Ces bêtes à l’abandon :
Un lièvre patagon
La huppe des Alyscamps
Et la perdrix des neiges
Menacés par un rastaquouère
Qui nettoie son fusil
.
Puis après le grand boum
Rien à ramasser
Des quelques restes
De poils et de plumes
De poèmes sans fin
.
Et cependant
Sur l’aile de papier
Frémissent et se déploient
Les songes d'un papillon blanc
Éphémère ingénu
Que le chant sous le texte
Éblouit de mystère
Note sur « Le chant sous le texte »
Ce poème est né il y a dix ans, d’une image obsédante : celle d’animaux menacés par un chasseur, et d’un papillon blanc qui, malgré tout, persiste. En le relisant aujourd’hui, j’ai ajouté « le grand boum », comme un coup de feu ou un coup de théâtre, pour marquer la brutalité de l’instant où tout bascule. Ce vers sonne comme une explosion, mais aussi comme un point final qui ouvre sur le vide — et c’est dans ce vide que le papillon, « éphémère ingénu », peut enfin se déployer.
« Le chant sous le texte » fait écho à Mallarmé, pour qui la poésie est une musique secrète, un sens caché sous les mots. Quant au papillon, il est le rêve de Tchouang-Tseu : une métamorphose, une question sans réponse. Il ne sait pas s’il a rêvé du papillon ou si c’est le papillon qui a rêvé de lui.
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C’est bête :
un lièvre
la huppe
la perdrix
bang un grand boum
un rien de poils ou plumes
C’est sûr :
un sou
de poèmes
cependant
voyez le papillon
déployé
C’est entendre :
le petit jour
ce chant
grillon
sous ce texte
et quel mystère
Michel Chalandon
https://poesieafranquevaux3.blogspot.com/
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