BIVOUACS

BIVOUACS

Une entrée paradoxale dans ce livre unique écrit par Jean-Pierre Dartigues, est cette citation extraite de 93 de Victor Hugo : « un immense bivouac d’esprits sur un versant d’abîme. « (pendant un épisode de la Révolution).

Antoine Meaupertus, narrateur de ce récit froid et hallucinant, nous promène dans une France qui permettait à certains réfractaires de refuser la tenue militaire pour endosser celle de coopérants.
D’abord l’Afrique, Kouranga : « Dans ses rues trop peuplées défilaient camionnettes d’importation et enfants déjà soldats. Il assistait pendant quelques heures aux préparatifs d’une singulière équipée, inédite pour lui, né après toute guerre : repousser une frontière. »
Ensuite les Balkans, Tristine : « Dans des villes à monastère, au cours de leurs visites, ils assistaient à des messes hypnotiques, encens et chants mêlés. »

Et tout au long de ce récit qui oscille entre descriptions de circonstances et langage à l’état pur, nous vivons, c’est l’essentiel , « l’ardente attirance », de deux êtres, à « la matière irrespectable. »
Ils se marient, ils se séparent, ils se retrouvent dans les pays d’Afrique et des Balkans. Elle lit, il écrit, elle lui écrit. Et puis la vie en ce qu’elle a de plus cruel, ces promesses de l’aube non tenues, les convoque en une étrange interrogation : « Si on ne meurt pas, qu’est-ce qu’on devient ? »
Le lecteur, jamais satisfait que je suis, est à la fois enchanté et perplexe. D’où les lectures successives de Bivouacs que je fais, va-et-vient de la navette du métier de vivre avec le mourir.
Lectures auxquelles je convie tout lecteur qui n’aime pas la débauche de livres inutiles sur l’étal des librairies, mais bien au contraire, les voix qui vibrent dans la forêt de papier des Illuminations.

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Jean Jacques Dorio

Martigues jour de Noël 2025





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