POÈME 555

Écrit en rimes tintinabulantes
Dont jouissaient les poètes 
de la Renaissance
.
Écrit en jouant aux dés ou au trictrac
Écrit en y réfléchissant
Ou tout à trac
.
Écrit comme une épitaphe
Ci-gît le badin de la farce
.
Poème écrit sur le cours Mirabeau
D’Aix-en-Provence
En imaginant voir passer
Le comte Honoré Riquetti 
Orateur génial en 1789
Au Jeu de Paume
.
Poème écrit jubilant
À l’occasion du meilleur moment
De nos vies quand nous proclamons 
À la terre entière :
Un.e enfant nous est né.e
.

Écrit depuis le toit tranquille
du Cimetière marin
Ou Avenue de l’opéra
(toujours tout droit)
.
Écrit à la terrasse d’un café
De Martigues ou de Sète
Sur un carnet à ressort
Ou le cahier d’écolier
D’un enfant aux cheveux blancs
.
Un poème de tortue
Sans sa carapace
Le 555e au-dessus
D’une pile infinie
D’un poète inconnu
Mais indécourageable



Martigues 14 mai 2025

ENTRE DEUX SOMMES

Pousser la porte sur le vide

La page vierge à convertir

Faire lever comme le blé

Au travers de la nuit

Des images se forment

À sauts et à gambades

Comme un livre des merveilles

Un devisement du monde

Entre bourdes et fables

Et la suite jusqu’à la chute

Où sommeil non la mort

Va nous fermer les yeux

DÉFENSE DES POÈTES

Armée que nul tyran ne commande

Qui joue du luth

Aime l’allure poétique

Petit cheval dans le mauvais temps

Allant à l’ amble

S’amuse d’un écart de langage

Sur le papier et dans ses marges

Amoureux que leurs vers transcendent

Dans les Andes ou à Samarcande

Dans la forêt de Brocéliande

Poètes

Souffrez qu’ici on vous défende

CHAQUE NUIT UN POÈME

Chaque nuit un poème

Comme franchir le guet

Pierre à pierre vers à vers

À Saint-Gilles à Vauvert

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Chaque nuit le désir

L’essence même de l’homme

Sur les pages de l’Éthique

Pour ne pas perdre la boussole

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Encres vives plume folle

Chaque nuit voit ma pomme

Cheminer dans le labyrinthe

D’un monde de rumeurs

Où je suis de plus en plus

absent