
REVUE L’ARBALÈTE
été 1948
GUÉRIR LA VIE
(texte en cours)
les livres sont mes plus fidèles compagnons
les copains d’la neuille comme chantait ferré
les amis du chemin de ronde de mes nuits sans horloge
les livres j’en ai partout de la cave au grenier
je dis ça comme un symbole car de cave n’eus jamais
quant au grenier c’était pour y monter les sacs de blé
des terres semées par mon père
et moissonnées par la communauté paysanne
les livres cette nuit j’en ai dégoté un précieux
qui se cachait sous une pile de journaux d’un autre temps
un très rare certainement aujourd’hui pour le grain de papier
et son tirage sur une presse à bras par marc barbezat à lyon
son titre l’arbalète tout un poème d’arc et de baliste
– du grec ballein : lancer – un livre lançant les flèches d’artaud
qui demandait que l’on aliénât l’acteur
un livre publiant une pièce de lorca
« lorsque cinq ans seront passés » asi que pasen cinco años
un poème en forme de bateau et de femme de roger vitrac
une lettre-orangé d’henri pichette et bien d’autres merveilles
c’était l’été 1948 j’avais trois ans
mon dieu quel plaisir inouï de l’écrire en lisant
en silence pour guérir de cette vie en pensant à rien d’autre
en recopiant une phrase choc d’antonin artaud
le théâtre est l’état, le lieu, le point, où saisir l’anatomie humaine,
et par elle guérir la vie
une conférence du 18 juillet 1947 où artaud le momo disait
avoir frôlé l’ouverture de mon ton de cœur