UNE SUITE EN -IER
Rien de plus imparfait que le texte « à venir ». Il naît de mon bric-à-brac personnel, à nul autre pareil : -ceci dit sans la moindre forfanterie – : livres qui se tournent le dos, émissions de radio qu’il est impossible de réécouter, mémoire trouée et têtue qui se manifeste dans mes Bricollages – que j’écris depuis un texte patchwork de 1970 avec deux ailes.
Comme si chaque nuit, vous réveillant d’un premier somme, vous vous confiiez à la main qui écrit, et qui va, chemin faisant, vous révéler ce à quoi, sans cet outil fragile et précieux, vous n’auriez jamais pensé. Témoin cette suite en « ier » que j’invite tout lecteur véritable à prolonger :
CHOSIER : je rencontre le mot pour la première fois soixante-dix ans après que j’ai appris à lire et ça me fait tout chose.
MERDIER : je me souviens du merdier occidental, une expression issue de la pensée anticoloniale de Mai 68.
PLUMIER : assis sur le banc de nos pupitres, notre première action, avant les livres et cahiers, consistait à sortir notre plumier et d’en retirer le porte-plume, plum plum tralala.
IMAGIER : j’ai acheté le livre de dimension modeste naguère au musée des arts premiers ; l’on y voit des photos de bois sculptés, d’instruments de musique, des masques et des broderies d’indiennes Kuna offertes par l’ethnologue Michel Perrin. Et à côté des images, l’air de rien, on peut lire la citation d’une chamane goajiro, d’un chinois cherchant la voie, de Paz, de Klee et d’anonymes inspirés : tout art est agitation et non description.
SABLIER : chacun le sien, mais à la fin, c’est un autre que soi qui le retournera.
