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Mes rêves révèlent une sorte de mémoire palimpseste C’est un luxe après chaque réveil de mes songes d’endormi de pouvoir en laisser trace Je suis dans une assemblée dernier carré de Mai 68 qui s’arc-boute dans une petite salle de l’Université de Lettres de Toulouse Je prends la parole pour me désolidariser de leur action de désespérados L. une trotskyste avec qui j’ai des relations amicales vient me rejoindre à ma sortie pour essayer de me convaincre qu’il faut continuer le combat Mais ses propos s’effilochent et nos relations se transforment en préludes d’un autre ordre C’est maintenant la rentrée des classes (j’ai quitté l’Université depuis 2 ans pour enseigner en collège) Je vois une pagaille d’élèves autour de moi mais je n’arrive pas en ce qui me concerne à retrouver la salle de classe qui m’a été attribuée (rêve récurrent) Je croise C. vieux camarade d’Arreau (Hautes Pyrénées) qui me dit avec autorité :-Tu dois établir un contact avec le ministère Je rêve à présent que je pèche avec une gaule en bambou dans un étang Un grand type arrive près de moi avec un chien tout vert qui se métamorphose en gros poisson plonge et disparaît (28 août 1984) Je suis devant un stade et n’arrive pas à trouver l’entrée J’entends la rumeur des spectateurs à l’intérieur Je vois sur une pelouse annexe des joueurs se préparer Et puis me voilà sur un cheval de cirque ou de carnaval…
MAI 68 Peut-être que nous ne sommes plus beaucoup à garder en soi « l’enchantement lucide » que nous vécûmes dans l’écume et la profondeur de Mai 68. Il revient parfois sans que l’on s’y attende, un demi-siècle après, dans une marche solitaire au milieu d’une ville où l’inattendu nous éclaire, nous hypnotise, réveille en nous, ce à quoi, les gens qui circulent alentour semblent ne plus croire : le mariage, entre humour et gravité, de l’espérance intime, avec l’Utopie politique d’une révolution permanente partagée, mais sans violence aucune.