J ai mis le pied J ai mis la main J ai mis mon cœur Sur le coteau Qui regarde au loin Montagnes et couchants Je crois bien Que les racines ont poussé Sans que j y prenne Garde Ici ronces et vignes Ne poussent pas Elles volent En un souffle Tout verdit Et bruit Je deviens Ce que je suis Une petite partie D » une chorégraphie Plantée Et empreinte D’ espace Un rêve sûrement Mais doux et tenace Quand les hirondelles Se préparent Autrement Je maintiens
Dans mes mains Un galet , une feuille , Un crayon, Sur la table Des livres, Du muscat, Et trois cèpes Le conte est bon Très bon
CECI ÉTAIT ET N’ÉTAIT PAS aixo era y non era disent les conteurs majorquins Ceci était et n’était pas sous les pavés la page et face à Léonard peignant une dame assise en entier –jusqu’à ses pieds posés sur un sol en damier de bibliothèque de Veira da Silva- la dame tient un tableautin bidimensionnel la représentant –la Joconde- Ceci était et n’était pas –aixo era y non era– des fictions –ficciones– mangées par les taches de café là où la part personnelle de mon histoire s’arrête le reste étant en la mémoire de mes lecteurs ou peut-être en leur espérance –esperanzaesperanza bailando el chachacha– ou leur peur –temor-Ceci était et n’était pas : un petit disque plat et froid qui se met soudain à chanter la missa solemnis Ceci était et n’était pas Dieu opus 123 Domine Deus Rex Coelestis Aixo era y non era : collant leurs petits museaux roses aux grilles des mensonges littéraires chantant des choses comiques entre l’anacoluthe et le lapsus Ceci était et n’était pas : un conte de Mayorca une grue japonaise tissant avec ses plumes en sang les trous noirs l’antimatière les hallucinations du village global Ceci était une Joconde souriante Et ceci n’était pas la Joconde ouvrant ses lèvres en disant Comi di Comédie La comédie d’un jour La comédie d’la vie Paolo Conte