Sale temps pour grenadiers et voltigeurs de vers
Grenadiers ?
Ceux et celles qui dégoupillèrent la parole
sur les murs de Mai 68 :
Je suis un minoritaire né. Les plus forts, je suis contre.
Voltigeurs ?
De nos affects et de nos émotions, mises en mots,
mis en maux, avec tous les charmes voués à la forme.
Du vers ?
Toujours en mouvement,
si l’on ne veut pas qu’il nous étouffe,
mais jamais ignorant nos phares dans la nuit,
de Marot à Hugo, de Verlaine à Valéry.
Ainsi du sale temps je n’en ai cure
Et du vers je parcours son champ illimité.
(Oublions ces deux vers empreints de gravité)
Sous les pavés ma plage, de sable et de graviers,
Il n’y a pas d’avant-garde, il n’y a que des gens en retard.
italiques Jacques Réda, Romain Gary, anonyme Mai 68.