UNE VOIX UNE MULTIPLE SAVANTE OU INGÉNUE
La tradition ne s’impose que si elle est nouvelle.
Les chants dans ma poitrine sont traversés par mille poèmes aimés.
Mais leurs rumeurs ne suffit pas, pour, d’un événement actuel, faire un poème nouveau.
Je suis le seul, même fragile et limité, à pouvoir assembler les fils ténus d’un discours singulier.
Une voix une, multiple et savante ou ingénue, qui disparaîtra, ou que l’on conservera,
pour la transformer indéfiniment.
J’ai médité au milieu des colonnes tronquées du temple d’Apollon à Delphes
J’ai dit le poème Masa de Cesar Vallejo en parcourant le labyrinthe à l’air libre de Macchu Pichu
L’Asie m’est inconnue et de l’Afrique je n’ai recueilli que quelques impressions dans le souk de Marrakech
Mais c’est ici dans mon hamac tissé par une amérindienne que mes voyages dignes d’intérêt s’accomplissent
J’y exerce mon art avec les oiseaux augures qui raient le ciel d’Azur
et les fourmis sur mes cuisses
J’y compose des vers qui sont autant d’énigmes
Toutes écrites en 7 lignes que l’on peut lire dans n’importe quel ordre
7 languettes séparées, allongeails, paperolles, qui évoquent les grands éléments qui gouvernent la terre et les cieux
Le temps s’y abolit comme dans un festival de poésie où l’on récite des poèmes 7 jours et 7 nuits
Puis vient l’énigme mortelle
Un enfant l’a portée sans s’en douter
Une question puérile qui trouble et tue le vieux poète
Comme nous tous il disparaît
Mais sa présence est immortalisée dans une œuvre mythique que l’on continue à lire et à citer*
*allusion à la mort mythique d'Homère Hom-êros : l'Ajointeur