Cette nuit la gomme à poème a beaucoup trop servi
Si bien qu’il ne subsiste que quelques ombres sur la page quasi blanche
Maintenant c’est l’heure où après avoir vu le jour blêmir il est temps de dormir
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
Cette nuit la gomme à poème a beaucoup trop servi
Si bien qu’il ne subsiste que quelques ombres sur la page quasi blanche
Maintenant c’est l’heure où après avoir vu le jour blêmir il est temps de dormir
Ce poème n’a aucune réalité préétablie
(ce ne sera même pas si ça se trouve un poème)
Mais j’aurai à nouveau fait l’essai
Relié ce qui est séparé :
les cloches qui sonnent sans raison
l’oiseau qui ce matin chante Messiaen
et les mots automatiques qui fatiguent ma plume :
essaim
éclaircie
hypnographies
Tout ce qui évolue dans l’invisible
Et qui fera l’objet sur ma page prochaine
D’une version autre
Meilleure…ou pire
Les lignes s’accumulent
dans le sacré dormeur
qui fait don à la poésie
d’un sonnet boiteux
.
C’est à Londres qui fume et crie
et c’est dans un estaminet de la Pampa
où roulent ivres morts
quatre gauchos perdus
.
Retour aux nuits des poètes maudits
Faisant éclore leurs fleurs artificielles
à Montparnasse ou dans le livre
des Égarés d’un monde d’avant-guerre
Le poème trébuche une dernière fois
Puis se repose Ni vers ni prose
TU GRIGNOTES DANS LA NUIT
ce biscuit inactuel que l’on appelle encor – semble-t-il ? – un poème Avec la craie qui le traça sur le tableau noir de l’enfance Avec le stylo feutre bleu qui enjambe les ponts et les refrains présents Avec tes doigts de vieux copiste aimant les lettres illuminées salle des poèmes perdus
TU TE PERDS DANS DES PAGES
si bien qu’entre deux sommes, le livre rouvert semble être un autre roman. Rien vraiment de rassurant. Tu vas faire une lettre dès demain à l’Éditeur en le priant de la transmettre à l’Auteur, qui en sera ravi ou marri. À moins que ce soit l’Imprimeur qui ait assemblé ton exemplaire de manière aléatoire. En attendant, vaille que vaille, tu te dis qu’après tout, ce désordre-là, est un pas ouvert à l’esprit.
Mis en abyme, ton roman prend les couleurs d’une expérience participative. Et te voilà, lecteur libéré, dialoguant, interpellant les personnages, qui semble-t-il n’en font qu’à leur tête. Tu interviens carrément dans leur conversation, l’action, et même tu y vas de ton flux ininterrompu qui en de longues phrases sinueuses entretient la sous-conversation d’un monologue intérieur. Une page perdue, dix de retrouvées.
UN ROUGE GORGE SE BALANCE
sur le frêle grenadier qui porte ses quatre fruits vernissés et ses dernières feuilles jaunes tremblantes au vent de Toussaint. Tout en observant l’oiseau remuant derrière la porte-fenêtre du salon j’improvise une ballade sur mon piano du pauvre mais en sourdine pour ne pas faire fuir le familier. Passe passe passereau Aux morts ne jetons pas la pierre Passe passe mon pierrot Tic tic tic tsuiit La vie est un mystère.
Un enfant a dit
J’ai mal à la tête
Un docteur a dit
Trop de poésies !
.
C’est inacceptable
A dit un poète
Les mots d’un poème
M’ont toujours guéri
.
Poète poème poésie
.
A child said
My head hurts
A doctor said
Too much poetry
—
Unacceptable
said the poet
The words of a poem
have always healed me
—
Poet
poem
poetry
les deux versions dites par ma fille Pauline et sa fille Alice
avec au final la voix du petit Victor
Sur la terrasse des Martigues 13/08/2025
.
Un niño dijo:
Me duele la cabeza
Un médico respondió:
¡Demasiada poesía!
.
Inaceptable,
dijo un poeta,
Las palabras de un poema
Siempre me han curado.
.
Poeta, poema, poesía