Petites goulées de sommeil
Puis je reprends mon livre
Qui écrit ? Je - pour sûr ?
Il me dit qu’il étudiait Droit
parce que Philosophie
n’était qu’une matière destinée
aux enfants et aux sœurs (monjas)
(Je traduis du castillan)
Petites goulées d’air de la nuit
Un amour de fraîcheur
tant la chambre a chauffé tout le jour
Le livre en 86 chapitres fait la recension
de tous les écrivains
qui un jour on dit Stop :
« Non je n’écrirai plus une seule ligne »
Témoin ce Lord C. qui entra en crise
Quand il comprit que les mots étaient un monde
Qui ne disaient rien de la vraie vie
La lune à la fenêtre me regarde narquoise
Ce 3 août 2019
Soixante ans exactement après que Borges
Eût écrit une de ses variations infinies
Sur les tigres :
Au tigre des symboles j’ai opposé
Le véritable, au sang brûlant
Celui qui décime les troupeaux de buffles
Et dont j’imagine l’ombre
Ce jour, 3 août 1959,
Passant avec lenteur sur la prairie
Ce passage fut repris le 3 août 1999
Par l’hyper-bartlebyen Enrique Vila-Matas
Dont je suis cette nuit les chapitres
Je pense à l’autre tigre
celui que moi aussi je cherche en vain,
Au-delà des mots…
Il faudrait creuser tout cela
Ces 3 août en miroir
Les tigres réels et les autres
Tout cet embrouillamini
Que j’abandonne au ciel de nuit
Et au lecteur hypothétique
Qui n’est pas dans le poème
Mais qui peut-être de passage
A envie un bref instant de l’habiter
Pour Jean Jacques :
imbroglio impromptu,
pensant à Federico
A la lune, à la fenêtre,
con su polisón de nardos,
aux enfants et aux sœurs,
passant avec lenteur sur la prairie,
au lecteur, fuyez la lune,
les gitans sont venus,
embrouillez-moi, hypothèse,
passant avec lenteur sur la prairie,
au lecteur en hypothèse
qui n’est pas dans le poème
qui peut-être de passage,
passant avec lenteur sur la prairie.
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