J’EXHUME LE CORPUS

J’exhume le corpus de poètes inconuu.e.s

Tous anticonformistes Toutes trouvères nues

Nues mais jamais obscènes Nus devant l’art de dire

De chanter de danser de composer couleurs

Et formes Bref d’habiter la terre en poètes

Seul.e.s et avec les autres Avec le difficile

Art de mêler la Joie aux règles contraintes

Chansons d’amour sans espérance mais avec force

Forces us et matières et savantes manières

De tourner chaque vers De trouver la complainte

Les prouesses du cœur et l’élan des amorces

Concordances des temps Chocs et épiphanies

Mon espace compté libère ce corpus

L’étendue engendrée par ma plume inconnue

ENJAMBEMENTS

ENJAMBEMENTS

premier essai

Les mots, de même que les sons musicaux, que les formes perceptibles  et les couleurs,  sont des forces saisies au vol, transformant en langage humain le « chant de la Terre » ou la pensée collective. Alain Rey

Jeux de jambes de gambettes avec viole

de gambe En commençant ainsi ce pseudo

poème Je sais que je risque de

trébucher Le trébuchet est une petite

balance pour les pensées délicates ou bien un

piège à oiseaux muni d’une

bascule Mon ami Michel qui courut les chamaniques

territoires Y repose d’ailleurs au cimetière en surplomb de

la ville de Menton Mettons Je me dis après ces 9 premières

lignes que cet artifice (l’enjambement) a provoqué ce jeu

d’enfant Un peu gâté beaucoup gâteux papa

gâteau de l’art en fance (la renfance) l’art en

joie qui fait correspondre la musique des

sphères avec l’opéra mundi quand nous prenons la clef

des champs plutôt que de faire l’

autruche en laissant parler le poste de télé

vision pour soi en soi à la place de soi-

même comme un autre Nous privant de nos

oreilles à djazz, à musique des symphonies, aux game

lans de Bali aux plaintes de

Schuman (non ce n’est pas

fini)…

UN SONNET EN FORME DE RONDE

UN SONNET EN FORME DE RONDE

Ce corps d’une idée qu’est un vers (Marcel Proust)
Un vers où s’inscrit un sujet
C’est le sujet de ce sonnet
Un corps dans la chair du langage

Parole et corporéité
Vers à vers sondant ma pensée
Créant ainsi de l’inédit
Des images de coups du sort

De coups de vent De coups de mer (Victor Hugo)
Les dissonances de ces tours
Arcancielesques (dit Cendrars)

Voix sépulcrale ou badinant :
Des Djinns ou de l’Aronde babillarde
Ainsi se termine mon sonnet-ronde

SOUVENIRS DE CARACAS

MEMORIAS DE CARACAS Durant la courte averse de cinq heures du soir on met le journal el Mundo sur sa tête Il est bientôt trempé comme une soupe Sopa de cangrejos Puis c’est le resplandor : ça reluit ça flamboie ça resplendit Trois musicos de fortune attirent la muchedumbre L’un fait des vals sur son harpe criolla, l’autre accompagne du quatro et le troisième, el cantaor, agite ses maracas, cascas ! cascas ! cascas !, Azucar Azucar crie la foule en extase au chanteur des rues, ivrogne invétéré de rhum añejo et d’azur sopa de cangrejos : soupe de crabes, muchedumbre : foule, quatro : petit instrument à quatre cordes, cantaor : chanteur (le d du cantador a disparu), azucar : sucre littéralement, sens seconds nombreux et souvent à caractère sexuel, rhum añejo : rhum d’excellence fruit d’une maturation en fût de chêne.

SOIXANTE DIX HUIT ANS

SOIXANTE DIX HUIT ANS C’est la nuit que je vis pleinement les moments en suspens de mon âge : oui à soixante-dix-huit ans ce 24 mars 2023, on peut dire que « ça a passé » …mais pas définitivement je crois, en lisant comme tout de suite je viens de le faire Spinoza (ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas ironiser, mais tâcher d’y voir clair), Proust (ces moments si pleinement vécus avec un livre préféré) et Marielle Macé (La littérature – la poésie surtout en ce qui me concerne- serait au moins cela : donner une forme, une saveur et un style à notre existence). En lisant, en écrivant, dans le repos et l’apaisement, dans la fournaise obscure d’une vie qui ne prétend rien de plus, rien de moins, qu’aller son allure poétique, à sauts et à gambades,  chien et chêne, aMUSEments… « ça a passé » une chanson au studio du Petit Mas aux Martigues en 2019

ça a passé comme une chanson de « trouvaïre » : le troubadour est celui qui « trouve » qui compose son chant désigné aujourd’hui sous le terme auteur-compositeur interprète

(arrangement et accompagnement de Philippe Bruguière)