UNE HEURE UNE NUIT UNE PAGE BLANCHE

 
écriture blanche
passante des nuits
où l’on demeure éveillé
tel un feu follet
 
 
il est 1:48
 
c’est le commencement
le premier coup de dés
les chiffres du hasard
d’un homme approximatif
 
il est 1:56
 
en attendant la suite
qui ne vient pas
tes oreilles participent
au grand bal des acouphènes
 
 
il est 2:02
 
tu songes à Moby Dick
à l’obstination de la mort vieux capitaine
poursuivant la baleine blanche
 
là-bas laine blanche
flocons de neige et ceux d’argent
et que n’ai-je
en cet instant
le duende des gitans
et le murmure des maîtres
disant leurs vers anciens
 
il est 2:07
 
mais peut-être
faut-il oublier leurs chimères
soleils noirs et obscures clartés
 
la tache aveugle
la vache aveugle
des nuits obscures
vaca ciega
en la noche oscura
 
 
il est 2:17
 
dizesept
police secours
crient les provençaux
au loto des familles recomposées 
 
il est 2:20
 
tu t’accroches aux mots
tu erres sur l’aire
des vents contraires
jetant les grains
du clinamen
 
il est 2:22
 
les trois deux
apparaissent en rouge
sur le petit réveil
posé sur tes livres de chevet
 
 
il est 2:24
 
tu changes de page
tu entres par la porte sud
de l’oppidum sans nom
 
il est 2:25
 
tu aimes les fleurs d’encre
les encres blanches des amandiers
les amours jaunes du mimosa
que tu as planté à la naissance
de ton petit-fils
un vingt-huit février
 
il est 2:34
 
homme patient
homme industrieux
homme égaré
homme tranquille
prosant ses vers
de fourmi
 
il est 2:36
 
tu te frottes à la langue d’oc
des troubadours
l’éclair du trobar clar
l’obscurité du trobar clus
 
2.38
 
tu revois le clos entouré de cactus candélabres
dans les hautes terres de Goajira
sous la clarté de la voie lactée
où marchent interminablement les indiens morts
 
il est 2:39
 
le feu sous les cendres
le peu de miel
que l’on prélève
sur l’arbre à maux
 
il est 2:44
 
encore quatre minutes
monsieur le bourreau
bour et bour
et rataplan
à rebours
du temps compté
de nos nuits blanches
 
il est 2:46
 
l’espèce de poème
rend grâce
et se brûle
sous le réverbère
des éphémères
 
il est 2:48
 
une heure est passée
dans l’immédiat du gazouillis
d’une main sur une feuille blanche
quelque part dans l’inachevé
 
 
 
 
références 1:48 L’homme approximatif Tristan Tzara
2.02 Moby Dick  Herman Melville
Marie Guillaume Apollinaire
 2:24 Sur l’oppidum sans nom Jean Jacques Dorio
2:38 Le chemin des indiens morts Michel Perrin
2.48 Rilke
il est 3:48 une heure de plus a passé
recopiant sur le clavier en le modifiant quelque peu
le manuscrit du premier jet


 
 
 
 

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1 Comment

  1. écriture du commencement
    en attendant les songes
    là-bas peut-être
    la tache dix-sept
    les croches en trois

    changer aimer
    l’ homme patient
    s’y frotte revoit le feu

    encore il est
    l’espèce l’heure
    l’inachevé

    J’aime

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