une petite heure pour décliner mes paroles sur le papier une petite heure du côté de l’écriture dans le mano a mano de la lettre et de l’esprit une petite heure en a parte à l’écart de la rumeur du monde une petite heure où l’émotion, sans crier gare, au détour d’un visage sur papier glacé, point une petite heure sans points ni virgules sans phrases préméditées une petite heure où l’on donne carte blanche à la fantaisie et à l’imaginaire une petite heure sur la carte grise des drames actuels et de la guerre une petite heure où l’on passe Poutine à la moulinette de Jean Christophe Averty une petite heure dans l’hôpital de poèmes à réparer d’urgence une petite heure où la plume gratte la peau d’un palimpseste qui résonne comme un petit tambour une petite heure dont les dernières lignes me sont offertes par Maître Charles Baudelaire comme montent au ciel les soleils rajeunis après s’être lavés au fond des mers profondes
Archives de l’étiquette : heure
BILLEVESÉES
Il faut accommoder mon histoire à l'heure Michel de Montaigne
Je lis 00 : 00
Que je traduis par
Minuit pile
J’éclaire la chambre
Laissant entrer en moi
Ses murs blancs
Du non-agir
Cher au sage chinois
Je fais mon miel
Bouche cousue Mots tus
Mille fleurs tournent dans ma tête
Que mon bout de papier
Ne peut accueillir
(N’est pas Ponge qui veut
Qui de la moindre chose
Se frottait les mains)
Je lis à présent 01 : 00
Une heure a roulé
Sur mes billevesées


SUR LA ROUTE D’UN DICTIONNAIRE DE SOI ASYMPTOMATIQUE
UN DICTIONNAIRE À PART SOI disposé en désordre alphabétique PASSER LE TEMPS J’ay un dictionnaire tout à part moi Je passe le temps… quand il est mauvais et incommode Quand il est bon Je ne veux le passer Je m’y tiens Michel de Montaigne (mise en forme JJD) PHRASE Le lecteur enthousiaste qui me lit, me dit : - elle est parfaite! Mais tu la réécris, juste pour le plaisir.
NOUS DEUX
Nous deux marchant, main dans la main, dans les rues de La Havane, déambulant autour du Parthénon, sous les voûtes de la Sixtine, autour de l’homme de Giacometti à la fondation Maeght, mais bien qu’une de nos plus belles photos ait été prise à Giverny, près de l’étang mythique de Monnet, c’est seul que j’ai admiré les nymphéas du Moma.
ROUTE
Je me souviens de sur la route le bouquin que Kerouac écrivit sur un rouleau de 36 mètres 50 cm de long et aussi de sur la route pa-ram-pam-pam-pam sur laquelle Nana Mouskouri faisait défiler son petit tambour.
MÉMÉ
Je me souviens qu’il ne faut pas pousser mémé dans les orties
Je me souviens que les mémés de Toulouse aiment la castagne
e le vi nouvel (le vin nouveau)
Je me souviens de ma mémé Vidal qui m’appelait Mic
et que je fus seul à assister à l’heure blême
HEURE
Je me souviens qu’avant l’heure, c’est pas l’heure et qu’après l’heure c’est plus l’heure.
Mais, en ce qui me concerne, j’aimerais partir, ni avant, ni après, mais à l’heure
RÉEL IMAGINAIRE SYMBOLIQUE pendant l’heure zéro
Pour ce qui est de la réalité – du Réel – c’est,
en cette nuit particulière où l’heure de 2 à 3 compte pour du beurre
en raison du passage à « l’heure d’hiver »,
c’est mon écriture au stylo fin bleu,
sur un rectangle de page immaculée (10,5×15,5 cm),
au lit.
Pour ce qui est de l’Imaginaire,
il varie selon mon régime d’écriture,
lent, rapide, mon désir ou non de fantasmer,
de laisser cours au passage des fantômes du passé
ou aux plagiats anticipés.
Et enfin, pour ce qui est du Symbolique,
ma place au monde est « selon »,
jamais tout à fait la même,
toujours possiblement une autre,
puisque j’aime par-dessus tout la Liberté,
dans le cadre de l’Égalité, la justice toujours à parfaire,
et « ô frères et sœurs humaines », la fraternelle Fraternité.

UNE HEURE UNE NUIT UNE PAGE BLANCHE
écriture blanche
passante des nuits
où l’on demeure éveillé
tel un feu follet
il est 1:48
c’est le commencement
le premier coup de dés
les chiffres du hasard
d’un homme approximatif
il est 1:56
en attendant la suite
qui ne vient pas
tes oreilles participent
au grand bal des acouphènes
il est 2:02
tu songes à Moby Dick
à l’obstination de la mort vieux capitaine
poursuivant la baleine blanche
là-bas laine blanche
flocons de neige et ceux d’argent
et que n’ai-je
en cet instant
le duende des gitans
et le murmure des maîtres
disant leurs vers anciens
il est 2:07
mais peut-être
faut-il oublier leurs chimères
soleils noirs et obscures clartés
la tache aveugle
la vache aveugle
des nuits obscures
vaca ciega
en la noche oscura
il est 2:17
dizesept
police secours
crient les provençaux
au loto des familles recomposées
il est 2:20
tu t’accroches aux mots
tu erres sur l’aire
des vents contraires
jetant les grains
du clinamen
il est 2:22
les trois deux
apparaissent en rouge
sur le petit réveil
posé sur tes livres de chevet
il est 2:24
tu changes de page
tu entres par la porte sud
de l’oppidum sans nom
il est 2:25
tu aimes les fleurs d’encre
les encres blanches des amandiers
les amours jaunes du mimosa
que tu as planté à la naissance
de ton petit-fils
un vingt-huit février
il est 2:34
homme patient
homme industrieux
homme égaré
homme tranquille
prosant ses vers
de fourmi
il est 2:36
tu te frottes à la langue d’oc
des troubadours
l’éclair du trobar clar
l’obscurité du trobar clus
2.38
tu revois le clos entouré de cactus candélabres
dans les hautes terres de Goajira
sous la clarté de la voie lactée
où marchent interminablement les indiens morts
il est 2:39
le feu sous les cendres
le peu de miel
que l’on prélève
sur l’arbre à maux
il est 2:44
encore quatre minutes
monsieur le bourreau
bour et bour
et rataplan
à rebours
du temps compté
de nos nuits blanches
il est 2:46
l’espèce de poème
rend grâce
et se brûle
sous le réverbère
des éphémères
il est 2:48
une heure est passée
dans l’immédiat du gazouillis
d’une main sur une feuille blanche
quelque part dans l’inachevé
références 1:48 L’homme approximatif Tristan Tzara
2.02 Moby Dick Herman Melville
Marie Guillaume Apollinaire
2:24 Sur l’oppidum sans nom Jean Jacques Dorio
2:38 Le chemin des indiens morts Michel Perrin
2.48 Rilke
il est 3:48 une heure de plus a passé
recopiant sur le clavier en le modifiant quelque peu
le manuscrit du premier jet