
du Poète Cocher
vous y apprendrez
l’art du sonnet
mais pas que
(éditions « l’herbe qui tremble »)
vient de paraître
sur le pavé
et sous la plage
en lisant en écrivant
Tout n’est qu’affaire de rencontres.
Jean Louis Rambour
(Le cocher poète)
1
Le visage empourpris je lis Rambour Jean Louis
-alias Cocher Moore- non sans quelque mépris
Je veux dire méprise Verlaine aurait compris
On enterre Dumas à Montmartre le soir
Ça défile pas mal du petit père Combes
À Sardou ou Zola La dame aux camélias
est sur toutes les lèvres Puis le livre gambade
la Commune Quarante-huit Le bagne de Maroni
La légende des Siècles prend l’eau de tous côtés
Mais ce n’est qu’un début le combat continue
2
Les fusils de ce temps étaient des chassepots
Pas méchants pour deux sous de la poudre aux moineaux
Mais l’on perçait poumons avec des baïonnettes
Les hommes de la guerre sont pires que des bêtes
Et les femmes n’ont pas toutes
Les mains de Jeanne Marie
3
Les personnages crédibles dans le Cocher Poète
Ils le sont tous et aucun ne l’est
Ce qui épate le lecteur que je suis
C’est leurs noms inventés
Mêlés à ceux et celles
Dont on peut un siècle après
Décliner l’identité
George Sand et Musset Adèle et Léopoldine
4
Le héros supposé – tu as le bonjour d’Alfred !-
devient cocher licencié
Humour délibéré de notre romancier
Qui enchaîne les sonnets au cordeau
Soucieux de leur canon
Rimes embrassées dans les quatrains
Plates puis embrassées dans les tercets
Et toujours en alexandrins
Cherchant à s’extirper du chariot à fumier (sic)
5
Chemin faisant le cocher écrivant
des sonnets nous donne ses petits secrets
d’écriture : les fers sonnant sur le pavé
donnent le rythme – le faux, le vrai-
«Le soleil sombre au cul de son percheron
Non ca bien que réel il ne peut décemment le dire
Par contre le sonnet plié en seize
Pour caler la table de nuit
C’était simple mais fallait y penser
C’est le cent unième
Le dernier de sa somme poétique
6
En somme Alfred Moore
a un p’tit air de Valjean
Jean v’là Jean écrit Hugo
Moure v’là l’amour
Pense Rambour
Auteur garibaldien
De la littérature
7
Je décline des mots qui dansent dans ma tête
-Déclinez vos noms prénom âge nationalité
-Tenez voilà ma carte d’identité
-Mais c’est votre voix que je veux entendre
Votre grain votre timbre
Oblitéré ou non
8
Moure c’était couru finit à Maroni
Au bagne de Guyane matons et truands compris
9
Mais vingt ans avant il avait vu Hugo
Le grand l’incomparable la légende du siècle
C’était au père Lachaise on enterrait son fils
François-Victor celui qui avait traduit Shakespeare
Alfred Moore à l’époque conduisait des cabriolets
Plus légers que les fiacres
Et pour gens plus huppés
Le roman en fait la liste à la page cent-dix
10
Puis la fiction bascule le poète cocher
Embarque le grand homme c’est comme un rituel
Sur un ton dramatique il lui lit La légende
Hugo n’en revient pas Moure pousse ses pions
Lui faire lire ses sonnets
Le lecteur est sonné
11
Y croit-on à cette histoire ? Peut-être pas
On devrait pourtant, tant elle croise
Personnes et personnages ayant traversé l’Histoire
avec sa grande hache comme écrivit Perec :
Les obsèques de Victor
Les Illuminations de l’homme aux semelles de vent
Et Vaillant l’anarchiste jetant sa bombe
Au cœur du palais Bourbon.
12
Y croit-on vraiment à cette histoire ?
À toi lecteur qui aime fréquenter
Ceux et celles qui sont la part cachée
de la littérature
D’aller la découvrir et de la relayer
Quant aux sonnets depuis longtemps délaissés
Par nos poètes modernes
Ce sont des perles rares
On ne sait d’où venues
Moi qui t’écris et qui croyais tous les connaître
Je reste – pardon pour la verdeur de l’expression –
« sur le cul » !
Il y en a vingt-quatre
Tous ont dédicataires
Anonymes ou célèbres
En allés dans la nuit
13
« Alors, comme un tombeau s’éveillant dans l’ailleurs,
L’œuvre habille ma nuit de rêves bien meilleurs,
Et crée en cette errance un relent d’espérance »
26/04/2020
jjd pour jlr