à Jules Supervielle
mort un 17 mai
il y aura soixante ans
dimanche
Ah ! fais-moi une petite place dans la lune
demandait un brin moqueur
Jules Supervielle à Jules Laforgue
Tous deux natifs
-Ça ne s’invente pas-
de Montevideo
Cette nuit à mon tour
Je demande au premier
De me faire comme lui
Ami des grandes profondeurs
Ami de ce passage à l’acte
Où à partir de rien
–Quelques mots qui bougent dans la tête–
Nous voilà commençant
L’écriture d’un « poème »
On l’appelle ainsi
Ça peut toujours servir
Tout le long de nos vies
Où l’on décline
Sans trop en savoir l’ordre
le triptyque
Poèmes Poètes Poésies
Celui-là cette nuit
Je l’écris comme Jules
À la lueur d’une bougie
Couché dans mon grand lit
Dans l’immobilité
Attention très fragile
Est ce nouveau-venu
Je cache sa figure
Aux lecteurs trop hâtifs
Qui croient s’y reconnaître
Attention très secret
Un peu de nos âmes s’y glisse
Du temps qu’elles étaient enfantines
Vivant dans cette haute mer
D‘oublieuse mémoire
Voilà à peine commencé
Je juge déjà que j’en ai trop dit
Le dit le dire-lit
Je l’achève ainsi
Sans préavis
J’ai dérivé sans dérêver
En essayant de ne pas trop obscurcir
Mon propos
Il est désormais à ceux et celles
Qui sans tambour ni boute-selle
L’ont accompagné étonnés
Jusqu’à ce mot dernier
Pour qu’ils en fassent bon emploi
ce 12 mai deux mille vingt
à deux heures pile