1
S’IL SE POUVAIT
S’il se pouvait…Silence sur la page
Puis peu à peu comme une pluie d’été
S’abandonner… au babil de Babel
S’abandonner ? Paroles innocentes
Chacun qui écrit tant soit peu le sait
Du moins l’éprouve…Dans un grand désordre
Qui nous vient du corps…
Alors ça te parle ?
Toi qui lis Est-ce-que ceci te remue ?
S’il se pouvait…Silence sur la voie
Que tu es seul.e à pouvoir trouver
2
JE VOIS
Je vois, dis-tu, je vois, tu le répètes
On dirait que tu acquiesces, tu piges.
Mais ce que je disais l’as-tu saisi
ou est-ce un leurre ? On doit vérifier
Alors je recommence mon discours
Bon tu vois te dis-je quand je te parle
je puise dans le langage commun
entre les choses palpables, visibles,
et les mots entraînant nos confusions :
le corps, l’esprit, le vide, l’énergie.
Je vois, je vois, dis-tu, et nous partons
spontanément, d’un grand éclat de rire.
3
REPRISE DU TEMPS
Reprise du temps J’allume la lampe
après un premier somme Et j’écris
ceci (J’ai encore sept lignes à faire)
Mais j’ai tout mon temps c’est ma fantaisie
En attendant je lis et me relie
à un ami poète, langagier tous azimuts
et Pessoen bien sûr –sa dédicace
qui me fait la part belle – mais c’est mieux
pour parler de lui ou-disons-de nous
Voilà vous pouvez tout relire –Chut !
4
LE PETIT COMMERCE
Quand tu es seul avec qui fais-tu commerce ?
Commerce sont relations avec autrui
Mais l’autre ici, c’est toi, voix sans personne.
Tu lis ailleurs : le commerce vital
qui alimente nos petites vies.
Est-ce apocryphe ou vraiment écrit ?
Nos petites vies dans le sac à mots
Je parle au papier…mes idées j’entasse
Je ne corrige point…mes embrouillures
Tu pourrais toi aussi faire Essais
5
UNE VOIX CHERCHANT SA VOIE
Pour que les mots ne cognent dans le vide
Je m’abreuve aux sources créatrices
Diffuses dans les textes difficiles
Ceux qui résistent ceux qui se dérobent
Mots faisant notre humaine condition
Je les reprends les reprise les frotte
Aux différentes formes de ma vie
Une vie qui m’échappe sans emphase
Mais non sans essai de creuser ma voie
Juste une voix de tous et de personne
6
INTELLIGENCE
Intelligence : liaisons nouvelles
Parfois dangereuses mais nécessaires
Si l’on veut secouer le cocotier
Façon de parler de paraboler
Dans le sillage d’un nouveau poème
Intelligence mais sans l’illusion
De tout le prêt-à-porter de Sagesse :
détachement et cogito perso
qui oublient la pluralité de l’homme.
À même moi, c’est toi, qui nous invente.
7
JE SAIS BIEN…
MAIS QUAND MÊME
Même…Ce premier mot usé…Je sais
bien…mais quand même Même si ce texte
semble ne servir à rien Je sais bien
qu’il manifeste une activité
hors-ligne – folie douce, dérision –
Je sais bien qu’il paraît imaginaire
Mais il n’y a pas plus réel que ce corps
Utilisant son imagination
La voix maintenant se tait Je sais bien
On dirait un exercice Oulipien
Mais quand même…
8
TAM-TAM BAOBAB
Tam-tam baobab écume de mots
qui sollicitent les dents et les lèvres
Baobab tam-tam comme un jeu d’enfant
Une danse en rond au tour du géant
de l’Afrique
On tape sur la peau
du tambour des savanes en écho
Tam-tam baobab du blues et du scat
La musique d’Amstrong d’Ella de Duke
Ô sœurs et frères qui nous ensorcellent !
9
L’ÂME
Mon corps-esprit m’imagine sans âme
Et il y a très longtemps que je n’en fais plus
état. Sauf quand je récite Verlaine :
Âme t’en souvient-il ?
et beaucoup d’autres
poètes qui longtemps la tutoyèrent.
Évidemment elle traîne sa peine
à tout bout de champ
dans bien des romans
Et chez tous ceux qui font de Poésie
« un supplément d’âme ! »…
mais bien malade.
Fin des salades
et sans état d’âme.
10
C’EST PAS GAGNÉ
C’est pas gagné On entend ça partout
Un prétexte pour ne rien commencer ?
C’est pas gagné ? Comme une fin des fins
Comme si on touillait déjà les cendres
Sans avoir pris le soin de préparer
son feu.
Chaque essai s’échafaude, va,
au rythme des mots, des images neuves,
que l’on crée, lettre à lettre.
Un passage
en ce monde, où perdre c’est gagner.
Perdre ses illusions et se réinventer.
JJ DORIO Martigues
du premier au dix juillet 2020