cet après-midi j’ai vu pour la première fois une grande flamme comme un if
lécher les premiers arbres de mon bois de pin à l’horizon de ma fenêtre
où je prose inlassablement mes vers…la ligne d’horizon de mes livres
a été heureusement préservée par les hommes et les avions chargés
d’éteindre le feu
JJ Dorio
24 août 2020
Nuit rouge où l’on danse le rituel pubère
Nuit rouge dans la bouche de noix de kola et d’alcool de maïs
Nuit rouge des fleurs charnelles et des couplets licencieux
Nuit rouge des momies incas qui poursuivent la vie de leurs broderies
Nuit rouge dont on retrouve le fil :
peau rouge de rocou libation de chicha
et danse circulaire au son de la clarinette basse
Nuit rouge de Michel Portal et de Châteauvallon
de Mingus écrasant son havane avec sa contrebasse
Nuit rouge de l’étranger dans sa cellule de Sisyphe
Nuit rouge des tatouages de chasseurs qui en appellent aux animaux leurs frères
Nuit rouge des arbres en feu dans les champs de Giono
Nuit rouge de l’oiseau cardinal et de la rose rouge du Caire
de la veine qui court la roche au-dessus de la grotte du Mas d’Azil
de la garance et du soleil couchant de Verlaine
Nuit rouge que l’on peignait à la tempera pour l’icône que Rimbaud portait
les nuits de Bohème dans ses chaussures d’ours
Nuits rouges que cousirent et tissèrent les troubadours
les bardes et les chamans de tous les temps
et de cette nuit particulière
où le rouge a chanté son kermès sa kermesse
qui à l’instant est dite et bien dite
poème publié dans la revue La Passe automne-hiver 2004
lecture : Couleurs anne varichon (pigments et teintures dans les mains des peuples) vécu : rituel "panaré" danse circulaire et libation de canne à sucre fermentée festivals de jazz de Chateauvallon : Mingus, Portal...
« Assis sur le tertre de l’entrée sud je recopie cette phrase de poète : enfant aux cheveux gris.
Les avions ce matin font bien du bruit ; l’un majestueux avec ses bimoteurs, les autres trois flèches militaires. Ils apparaissent proches dans le ciel venté, mais tout à fait en désaccord avec les dieux hölderliniens qui se cachent encore à Saint Blaise.
Sous mes yeux, la fourche d’un pin, comme une fronde géante. C’est ainsi qu’enfants joueurs nous appelions nos lance-pierres.
Enfants aux cheveux drus, oisive jeunesse sortie de terre à l’heure d’Hiroshima, au temps des dieux pulvérisés. »
Jean-Jacques Dorio / Sur l’oppidum sans nom / Encres Vives…p.5
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En écho…
Un ami à midi m’a téléphoné pour savoir si je lui confirmais que le feu était passé sur « Saint-Blaise »…
Je ne sais et ne veux pas activer les réseaux dits sociaux…
J’irai voir par moi-même
Si dans l’épaisseur des nuages lourds de l’incendie des pins
Apparaissent encore quelques feux follets…
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Surtout que le feu ne t’atteigne pas!
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