« Il est très important de ne pas confondre la première personne du singulier avec la première personne singulière. »
Alberto Manguel
1
En poésie, naturellement,
quand on lit « Je cours la campagne »,
si l’on réduit je, à moi-je, c’est fichu.
Et d’ailleurs c’est, réflexion faite,
je bats la campagne,
je fends les flots
et je cours les rues.
Selon des titres de recueil de Raymond Queneau
2
Et dame
Il n’y a pas d’âme
Et l’ego
N’est rien
Qu’une petite erreur
Sans conséquence
Ainsi je
N’est pas moi
Je « est » Personne
Dans la caverne de Polyphème
Je « est » la Dispersion
D’insectes noirs
Qui hantent les yeux de ma bien-aimée
En fin de vie
Je « est » la Joie communicative
Avec le fils de ma fille
Et nos jeux enfantins
Je « est » spirale
De ce poème 1338
Écrit au lit
Nuit à nuit
Sans rien au bout
Qu’une voix multipliée
Sans personne